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Les Tunisiens de France se doivent d'aller voter pour se faire entendre à défaut d'avoir été écoutés, souligne Riadh Jaidane, tête de liste de France-Sud pour les législatives.

Par Samantha Ben-Rehouma

Riadh Jaidane, président de l'Association des Tunisiens de France (ATF) et avocat à Nice, n'a pas sa langue dans sa poche et c'est tant mieux! Lors d'une conférence de presse, il n'a pas fait qu'annoncer la liste des candidats aux élections législatives Tunisiennes (24, 25 et 26 octobre 2014) de la circonscription France-Sud, il a aussi dénoncé des couacs quant au financement de cette campagne électorale... loin d'être transparente. C'est clair !

La liste France-Sud se compose de 5 candidats dont le talent et la réussite professionnelle ne sont plus à démontrer: Dr Riadh Jaidane, avocat et maître de conférence à la Faculté de droit et de sciences politiques de Nice (Nice), Ilhem Bouzouita, déléguée médicale (Lyon), Fathi Bousbih, ingénieur informatique (Toulon - Marseille), Hajer Chmingui, future avocate (Valence - Grenoble) et Dr Lotfi Larouchi, cardiologue et chef de service au centre hospitalier de Bayonne (Toulouse - Bordeaux). France-Sud représente plus de la moitié des Tunisiens de France.

Vote pour tes droits et non pas pour ton parti

Sur plus de 1,2 millions de Tunisiens à l'étranger, 738.000 Tunisiens (environ 800.000 en comptant les clandestins) résident en France dont plus de 3.000 sont des scientifiques, des architectes (2.000), des hommes d'affaire (1.500), des médecins et pharmaciens (900), des avocats (150), etc. C'est dire l'importance de ces voix quand vient le temps des élections.

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De gauche à droite: Dr. Lotfi Larouchi, Dr. Riadh Jaidane, Ilhem Bouzouita et Ilyes Kahlaoui.

«Nous sommes tous préoccupés par la situation catastrophique du pays. Moi, qui suis originaire de Menzel Bourguiba, j'ai été effaré à ma dernière visite... C'est Kaboul! Il faut faire quelque chose!», dit Dr. Lotfi Larouchi dont le frère, conseiller régional de la Sarthe, avait été agressé par des salafistes à Bizerte en août 2012.

Beaucoup de Tunisiens, vivant en France, ne connaissent pas leurs droits, en raison, entre autre, du barrage de la langue française et malheureusement ce sont les femmes les plus touchées. Celles qui représentent 64% des Tunisiens de France vivent souvent dans une précarité qui fait mal au cœur.

Beaucoup d'entre elles, récession économique oblige, se retrouvent isolées, divorcées et certaines virent «niqabées» pour rester mariée tant elles ne savent plus à quel saint se vouer ! «Nous voulons créer un terrain fertile à travers les associations et les soutiens financiers mais aussi psychologiques pour une intégration réussie», explique Ilhem Bouzouita. Elle ajoute: «A contrario nous donnons aussi des cours de recyclage en langue arabe car tout Tunisien doit aussi connaître ses droits lorsqu'il retourne en Tunisie, et ce, que ce soit pour les vacances ou définitivement. En cela, je dois mentionner que les consulats n'apportent pas du tout l'aide souhaitée à ses ressortissants. Il faut que cela change!»

Les étudiants tunisiens (24.000) ne sont pas en reste. D'après Ilyes Kahlaoui, ancien trésorier du Bureau régional de Grenoble, le problème se pose dès la recherche d'un logement. Pour avoir une place dans la Maison de Tunisie à Grenoble, les étudiants ne doivent pas montrer patte blanche mais montrer le bouc pour être pris sous leur aile! Là aussi, le consulat pratique la politique de l'autruche.

Isie ou 2 poids 2 mesures

A la question «quelles sont les grandes lignes de votre programme?», Riadh Jaidane nous explique que, contrairement à d'autres, la liste France-Sud est respectueuse de la loi, en d'autres termes : «Vous pourrez lire notre programme le 2 octobre.»

Ces entorses à la loi électorale prouvent à quel point l'Isie n'est pas en train de sanctionner comme il se doit. Certes, cela peut passer pour un programme électoral, mais lorsqu'il s'agit du financement des campagnes cela ne passe plus surtout quand il est stipulé qu'il ne doit pas dépasser 5 fois la somme de l'indemnité publique. Si l'Isie dit sanctionner tout dépassement, elle se doit d'envoyer des émissaires à l'étranger car il semblerait que certains partis ont déjà «explosé» leur budget pour leur meeting avec la location de salles de 25.000 personnes, plus les bus, plus les flyer, etc. En somme, c'est celui qui a le plus d'argent qui rameute le plus de gens!

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Dr. Riadh Jaidane attire l'attention sur le financement d'une campagne électorale... qui est loin d'être transparente.

Exit le débat d'idées et welcome le débit des bas... de laine!

Pire, parmi les 60 bureaux de vote pour France-Sud, certaines personnes qui y travaillent sont membres des deux grands partis. Inadmissible. A ce sujet, Riadh Jaidane a déjà envoyé un courrier à l’ISIE pour dénoncer ces pratiques frauduleuses digne de La Piovra ! D’ailleurs, il compte bien porter plainte auprès du Tribunal administratif de Tunis si l’Isie continue à fermer ses yeux faute de donner de la voix !

Parce qu'être dans la majorité n'est pas suivre aveuglément, les Tunisiens de France se doivent d'aller voter, et ce, pour se faire entendre à défaut d'avoir été écoutés car comme disait Scotty – pas celui de Star Trek – James Reston: «Une élection est un pari sur l'avenir, non un test de popularité.»

Illustration : Dr. Lotfi Larouchi, Dr. Riadh Jaidane, Ilhem Bouzouita et Ilyes Kahlaoui.

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