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Selon des pronostics de médias norvégiens, la Tunisie pourrait décrocher, aujourd'hui, à travers l'UGTT, le Prix Nobel de la paix 2014. Mais la concurrence est rude.

Par Marwan Chahla

La fièvre de la spéculation autour du nom du lauréat du Prix Nobel de la paix 2014 est à son plus haut point. Et la Tunisie est un sérieux candidat.

La concurrence est rude, aussi les chances tunisiennes sont-elles minces mais l'espoir est permis. Le rôle de l'UGTT et des démocrates tunisiens dans le Révolution du jasmin est grandement apprécié à Oslo, et ailleurs dans d'autres capitales du monde.

C'est aujourd'hui, vendredi 10 octobre 2014, à 09:00 GMT (10:00, heure de Tunis), que le président du Comité Nobel, Thorbjoern Jagland, annoncera publiquement le verdict de l'Institut Nobel et mettra un terme au suspens sur le nom du lauréat du Prix Nobel de la paix pour l'année 2014.

Depuis quelques jours déjà, le possible couronnement de la Révolution du 14 janvier 2011 a retenu l'attention des médias norvégiens et internationaux. Cette année, selon le site américain d'information internationale ''Global Post'' (''GP''), les membres de l'Institut Nobel d'Oslo ont eu à étudier 278 dossiers de candidature. Parmi ce lot record dans l'histoire du Prix, il y a la «direction démocratique de la Tunisie», un journal d'opposition russe, la ''Novaya Gazeta'', Malala Yousafzai, l'adolescente pakistanaise militante des droits de la femme, et le Pape François.

''GP'' cite la NRK, la télévision publique norvégienne, selon laquelle, parmi ces prétendants de la dernière ligne droite, la partie se jouerait finalement entre l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et Malala Yousafzia. NRK s'est même risquée à parier gros sur la centrale syndicale tunisienne et elle justifie son choix: «L'UGTT a été du début la Révolution tunisienne jusqu'à ce jour un acteur de premier ordre de la transition démocratique en Tunisie et un médiateur crucial dans les négociations politiques (le Dialogue national, la feuille de route, le départ de la Troïka et le remplacement de cette dernière par un gouvernement de technocrates, NDLR) qui ont abouti, entre autres, à l'adoption de la nouvelle constitution tunisienne».

NRK n'hésite pas, joue son va-tout et se prononce clairement en faveur de la candidature tunisienne: «L'Union (générale tunisienne du travail) peut battre Malala (Yousafzia)», conclut-elle, jeudi 9 octobre 2014, sur son site.

La Révolution tunisienne, si elle peine terriblement à convaincre les Tunisiens eux-mêmes, si elle a perdu sa verve et sa crédibilité initiales, si elle s'essouffle chaque jour encore plus, si elle a semé tant de désillusions et de divisions parmi nous, si elle a mis à genoux l'économie du pays et nos espoirs avec elle, si elle a donné l'occasion aux incompétences des Troïkas et d'Ennahdha, notamment, de s'essayer au pouvoir, si elle a permis à des tortionnaires de l'ancien régime de reprendre du service, etc., et qu'elle continue encore de susciter à l'extérieur les mêmes soutiens et les mêmes enthousiasmes, c'est tant mieux.
Si les pronostics de ''GP'', NRK et autres médias étrangers s'avèrent justes et que la Tunisie décroche le Prix Nobel de la paix 2014, nous en tirerons fierté. La consolation serait maigre, mais nous ne ferions pas la fine bouche.

Illustration: Place Mohamed Ali à Tunis, coeur battant du syndicalisme tunisien.

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