Six mois après avoir quitté la scène politique, après la démission du gouvernement dont il faisait partie, l'ex-ministre de la Culture reprend sa casquette d'universitaire.
Par Nabil Ben Ameur
Un petit tour puis s'en va? Mehdi Mabrouk, ancien ministre de la Culture dans les gouvernements de la Troïka, conduits successivement par Hamadi Jebali et Ali Larayedh, a-t-il clos définitivement le chapitre de l'action politique? En tout cas, même s'il se réserve la possibilité de revenir un jour sur ce terrain, l'universitaire reprend, au moins pour un moment, le dessus chez l'ancien ministre.
En effet, six mois après la fin de sa carrière ministérielle, Mehdi Mabrouk revient à la vie politique, mais comme chercheur. Ce docteur en sociologie créé un think-tank – l'énième à voir le jour dans la Tunisie post-Ben Ali.
Baptisé Centre arabe de recherches et d'études politiques (Carep), ce think-tank, dont Mehdi Mabrouk est le «président fondateur», s'est donné pour mission d'œuvrer à «enrichir la recherche scientifique en relations internationales, sciences sociales et politiques» et pour moyens «le développement et la publication des recherches scientifiques en sciences politiques humaines et sociales portant sur le Maghreb et le monde arabe», l'élaboration des sondages d'opinions, l'organisation des congrès scientifiques et des séminaires, le renforcement des compétences scientifiques des chercheurs en matière de méthodes et de techniques d'investigations, la promotion du partenariat et des échanges scientifique avec les centres de recherches nationaux et étrangers.
Vaste programme sur un terrain, la recherche, qui n'est pas étranger à Mehdi Mabrouk. En effet, ce dernier est passé par la faculté des lettres de La Manouba puis celle des sciences humaines et sociales de Tunis. Il a fait partie de l'unité de recherche sur la migration, relevant du Centre d'études et de recherches économiques et sociales (Ceres), et réalisé, en cette qualité, plusieurs études, notamment pour le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et le Comité international de la Croix-Rouge.
Recruté par la suite au ministère de la Culture, il travaille successivement à la maison de la culture du Kram puis à la Bibliothèque nationale. Avant de prendre, entre 1999 et 2000, la casquette d'enseignant – en qualité de maître-assistant – à la faculté des sciences humaines et sociales de Tunis.
Mehdi Mabrouk au bon vieux temps du ministère de la Culture.
Mehdi Mabrouk entre en politique en adhérant en 1999 au Parti démocrate progressiste (PDP) en 1999 – dont il démissionne en septembre 2011, car en désaccord avec la politique conciliante prônée par Ahmed Néjib Chebbi vis-à-vis des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).
Aujourd'hui, il déserte le terrain de l'activisme politique, probablement sans regret. Car son expérience gouvernementale, en tant que ministre de la Culture, est loin d'avoir été couronnée de succès. La preuve en est qu'en plus de critiques acerbes formulées à son égard après qu'il ait déclaré que les tableaux exposés en juin 2012 au palais d'El Abdellia à La Marsa portent atteinte au sacré et que les artistes ne sont pas qualifiés et son refus d'annuler les festivals au lendemain de l'assassinat du constituant Mohamed Brahmi puis de celui de huit soldats au Djebel Chambi, Mehdi Mabrouk restera célèbre pour l'œuf qu'il a essuyé, en juillet 2013, à l'initiative du réalisateur Nasreddine Shili.
L'ancien ministre de la Culture aura raté jusque sa sortie, puisque la lettre publiée en avril 2014 – et dans laquelle il s'excusait auprès des anciens régimes politiques du pays qui lui «ont permis de s'éduquer, de manger et d'être un humain digne de ce nom» et des «agents de l'ordre qui ont mis les bouchées doubles pour préserver l'ordre et la sécurité» et qu'il avait traités de «force de la répression et de leur avoir jeté des pierres» – a été raillée sur les réseaux sociaux.
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