Les comptes des membres de la famille de Ben Ali en France pourraient se vider «en deux temps deux mouvements», craignent des experts, qui déplorent que la France n’ait pas gelé rapidement les avoirs de cette famille.
La ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a certes annoncé, dès le 16 janvier, une surveillance des comptes du clan ben Ali. Mais elle n’a pas décidé leur gel.
Les Ong Sherpa, Transparency International (TI) et la Commission arabe des droits humains (Cadh) ont alors déposé plainte, notamment pour détournement de fonds publics et blanchiment. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire le 24 janvier. Mais le gel n’a toujours pas été décidé.
«Le gouvernement aurait dû demander tout de suite au procureur de la république d’engager une action judiciaire, cela aurait été plus rapide», estime Daniel Lebègue, président de TI France, inquiet de voir des comptes se vider «en deux temps trois mouvements».
Ces Ong évaluent la fortune de Ben Ali et de son premier cercle à 5 milliards de dollars et même à 10 milliards en élargissant le cercle. Appartements parisiens, écurie de chevaux de courses, sociétés d'import-export, avoirs en Suisse et en France, mais aussi à Malte, au Qatar, au Canada, forêts et terres en Argentine... Sherpa et TI ont communiqué au parquet français une note de six pages recensant les biens de la famille.
La procédure aboutira-t-elle? Réponse de Maud Perdriel-Vaissière, déléguée générale de Sherpa: «Quand il s’agit de restituer l’argent détourné par des kleptocrates, la France est à la traîne. En revanche, la Suisse, qui héberge beaucoup d’avoirs, est le pays qui restitue le plus d’argent. Sur les 4,4 milliards de dollars rendus ces dernières années, 1,8 milliard de dollars viennent de la Suisse.»
La France se contente d’un yacht de Saddam Hussein rendu à l’Irak. Mais dans le cas de la Tunisie, Mme Perdriel-Vaissière est optimiste: «Il ne devrait pas y avoir de blocage politique français.» Car tout le monde semble coopératif: la Tunisie, l’UE, et le pouvoir français.
