Chroniqueur et essayiste, qui n’a pas craint le ridicule en soulignant en 2009 les «acquis démocratiques» de la Tunisie sous Ben Ali, Alexandre Adler persiste et signe.


Au lieu de faire son mea culpa et de demander pardon aux Tunisiens, M. Adler préfère justifier ses fourvoiements. Dans une interview à ‘‘Nice Matin’’, il déclare: «A la fin de son règne, Ben Ali n’était sympathique à personne. Mais je maintiens que la Tunisie qu’il incarnait bon an mal an était – et demeure – une expérience encourageante au Maghreb. Si cette société n’était pas une démocratie, elle n’était pas non plus son contraire. Je pense à l’émancipation des femmes, à l’instauration d’un Code civil, à la priorité donnée à l’éducation avec la création d’une élite cultivée et l’alphabétisation totale de la population.»

Donner à Ben Ali ce qui est à Bourguiba
M. Adler, qui est pourtant un brillant historien, feint ici d’oublier que «l’émancipation des femmes, l’instauration d’un Code civil, la priorité donnée à l’éducation avec la création d’une élite cultivée et l’alphabétisation totale de la population», les Tunisiens les doivent plutôt à Bourguiba qu’à Ben Ali.
Pis: M. Adler trouve le moyen de justifier la captation des richesses par Ben Ali et son clan et la répression à laquelle étaient soumis les opposants par le fait que, dans les pays voisins, la situation est encore pire. Se faisant l’avocat de Leïla Ben Ali, de son fils naturel Imed et des autres membres de son clan, M. Adler déclare, sans ciller: «Même quand on déplace trois tonnes d’or dans une camionnette, même quand on vole de façon éhontée ici un yacht ou une grosse voiture, là une entreprise florissante, cela coûte toujours moins cher que le préjudice causé aux Algériens par leurs technocrates formés à l’énarchie française, incapables de gérer correctement la manne représentée par les hydrocarbures», explique-t-il. Traduire: les Tunisiens doivent s’estimer heureux de n’être pas des Algériens (sic!).

D’une insulte l’autre
Usant et abusant de sa méthode comparative, M. Adler pousse l’insulte aux Tunisiens jusqu’à affirmer: «Même dans la pire période de Ben Ali, les Tunisiens ont toujours été plus libres que leurs voisins algériens ou marocains.»
Merci pour les trois peuples voisins, ainsi renvoyés dos-à-dos par une entourloupette qui en dit long sur la profondeur d’analyse de l’historien, pardon, de l’histrion.

Ridha Kéfi