Ghannouchi-a-Bizerte«Le parti Ennahdha a accepté de quitter le pouvoir parce qu'il était sûr d'y revenir», a indiqué Rached Ghanouchi, mercredi 15 octobre 2015 à Bizerte.

Le président du parti islamiste, qui intervenait au cours d’un meeting électoral pour les législatives du 26 octobre 2015, faisait allusion à la démission du gouvernement Ali Larayedh, en janvier 2014, et son remplacement par un gouvernement de compétences nationales indépendantes conduit par Mehdi Jomaa, omettant au passage de dire une partie de la vérité, à savoir qu’Ennahdha a accepté de quitter le gouvernement sous la pression d’une bonne partie des Tunisiens, inquiets de l’aggravation de la situation sécuritaire et économique de leur pays sous la direction d’Ennahdha et de ses alliés.

Le départ d’Ennahdha a fait suite, en effet, aux grandes mobilisations populaires, partout dans le pays, contre le gouvernement islamiste.

«L'accession d'Ennahdha au pouvoir n'était pas le fruit du hasard. Mais nous avons choisi l’intérêt de la Tunisie aux dépens du nôtre pour protéger le pays contre les dérapages dangereux, dont personne ne pouvait prédire les conséquences», a aussi soutenu Rached Ghannouchi, laissant ainsi entendre, à l’insu de son plein gré, que les intérêts d’Ennahdha sont différents de ceux de la Tunisie. Et c’est là un aveu politique, lourd de sens, dont M. Ghannouchi, emporté par sa verve discursive, n’était sans doute pas conscient. C’est ce que les psychanalystes appellent un lapsus.

«Notre mouvement, qui a tenu tête à la dictature et évité au pays le désordre en faisant face au terrorisme, n'accepte aucune forme de surenchère», a renchéri M. Ghannouchi, affirmant que son parti «est tout autant moderniste, révolutionnaire et démocratique que tout autre parti».

«Il est impossible pour tout parti politique, y compris Ennahdha, de gouverner seul la Tunisie», a encore dit le chef du parti islamiste, notant que «la Tunisie a encore besoin d'être conduite de manière consensuelle», pour parachever sa transition démocratique dans les meilleures conditions.

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Evoquant la question du terrorisme, dont la montée en Tunisie est attribuée au laxisme des deux gouvernements islamistes de Hamadi Jebali et Ali Larayedh vis-à-vis des mouvements extrémistes religieux, Rached Ghannouchi a estimé que ce phénomène ne pouvait être considéré comme une conséquence de la révolution, mais qu'il s'agit plutôt d'un fruit de la dictature et de la politique d'appauvrissement culturel, religieux et social de certaines catégories de la société.

Ben Ali et la dictature, on le sait, ont beau dos. Sauf que cela fait 4 ans que le dictateur n’est plus là. Ceux qui lui ont succédé assument, au moins, une part de responsabilité dans la montée du terrorisme, qui n’a jamais autant tué, en Tunisie, que ces deux dernières années.

I. B.

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