Extraits de la déclaration de la délégation du bureau du Haut commissaire des droits de l’Homme des Nations Unies à la fin de sa mission d’une semaine en Tunisie, qui a pris fin aujourd’hui.
«La délégation a rencontré, tout au long de la semaine, un nombre d’acteurs clés et a écouté leurs visions du futur et leurs inquiétudes du passé.
«Le Haut commissaire nous a demandé de faire un état des observations et des recommandations afin qu’on puisse assister le peuple tunisien dans l’accomplissement de ce processus de transition.
«Les droits de l’homme sont à l’origine de/sont au cœur de l’appel du peuple tunisien pour la liberté, la dignité, la justice sociale et pour une nouvelle ère en Tunisie (...)
«On a bien noté la coopération du gouvernement transitoire. On a pu également rencontrer les groupes de la société civile, à savoir les défendeurs des droits de l’homme et les organisations des droits de la femme.
«On a visité deux prisons localisées à Bizerte. On considère que ceci est une importante indication sur le changement qui prévaut en Tunisie et c’est un reflet de la bonne volonté de tous nos interlocuteurs d’établir le changement au niveau des lois et des pratiques.
«Un jeune nous a dit: ‘‘Nous cherchons la liberté, la justice et la dignité nationale’’. Ces mots ont été répétés par tous les femmes et hommes tunisiens de différentes classes sociales et par tous ceux qui se sentent dépouillés de leurs dignités.
«Afin de rétablir cette dignité, il faut redéfinir la relation qui existe entre l’Etat et le peuple, une relation construite/basée sur la souveraineté de la loi et le respect des droits: une relation qui placera l’Etat au service de son peuple. Tout au long de notre visite, on a beaucoup entendu se répéter le besoin de consolider les gains acquis par les jeunes tunisiens et la société civile afin de s’assurer qu’il n’y aura pas de retour aux anciennes pratiques et de tenir compte de leur appel pour la responsabilité et la justice sociale. C’est dans ce contexte que le gouvernement intérimaire a renforcé la mise en place de mécanismes judiciaires et une réforme institutionnelle.
«Un processus complet de réforme sera critique pour assurer que les changements recherchés par des Tunisiens soient conservés dans la loi et deviennent une composante permanente en Tunisie. Tandis que la réforme doit clairement toucher tous les secteurs, il y a un besoin clair de renverser l’équilibre des forces en faveur des droits du peuple. Un secteur clé est le système de sûreté, qui doit commencer à travailler en faveur du peuple et pas contre lui.
«Le rapprochement des écarts économiques et sociaux saisissants et la croissance de l’injustice, particulièrement dans des secteurs marginalisés, devrait être une partie centrale du processus de réforme.
«À ce tournant critique, le rôle de la société civile est crucial. On a fait taire des organisations de droits de l’homme et écarter d’autres associations non gouvernementales pendant des années. Aujourd’hui, c’est le temps de les faire participer entièrement dans cette période transitoire pour concevoir des solutions à long terme et s’assurer que leur voix est entendue. L’espace pour des organisations de société civiles s'est déjà étendu significativement depuis le 14 janvier 2011, cette ouverture doit être renforcée.
«Au-delà de la société civile, tous les Tunisiens ont le droit de participer aux affaires publiques. Il s’agit d’une société fière et capable avec des jeunes, hommes et femmes, plein de dynamisme et d’enthousiasme qui ont pu faire entendre leurs voix. En conséquence, des réalisations remarquables des droits ont été faites au cours des deux dernières semaines.
«Pour continuer ce processus, il est nécessaire de procéder à des consultations qui prendront en considération toutes les tranches d’âges et toutes les régions du pays qui vont aider à construire la Tunisie de l’avenir.»