Face au doute qui gagne les électeurs tunisiens quant à la transparence des prochaines élections, que pèsent les assurances de Rafik Sarsar, président de l'Isie ?
Par Marwan Chahla
Nous le savions déjà, tout monde le sait aujourd'hui – y compris Rafik Sarsar, le président de l'Instance supérieure pour l'indépendance des élections (Isie) – qu'il faudra plus que les bonnes paroles, les bonnes intentions et les bons sentiments des membres de l'Isie pour que les premiers scrutins libres de l'histoire de la Tunisie soient clairs, nets et propres.
Un scepticisme légitime
Les raisons de ce scepticisme sont une légitime précaution et, à chaque instant, elles deviennent de plus en plus fortes. Depuis le jour où la décision de tenir ces élections a été prise, depuis la formation de l'Instance des élections, son organisation, la mise en place de ses composantes et branches, depuis le lancement du processus électoral, il n'y a eu que retards, hésitations, critiques et appréhensions quant à la réussite de cette opération cruciale du processus transitionnel.
Lundi 20 octobre 2014, le Quartet a voulu en savoir plus sur le cours des élections législatives et présidentielle des 26 octobre et 23 novembre, étant bien entendu qu'il s'agit là de l'étape la plus importante de la feuille de route que le Dialogue national avait décidée pour sortir le pays des différents blocages dans lesquels il se trouvait depuis la prise du pouvoir par le premier gouvernement de la Troïka, en décembre 2011.
Ce temps d'arrêt, ce temps de questionnement est donc devenu plus que nécessaire, à quelques jours de la tenue des législatives. M. Sarsar se devait de dissiper les doutes, sinon une partie d'entre ces doutes, pour que les électeurs soient convaincus sur le bien-fondé de l'opération et qu'ils ne regrettent, en fin de parcours, que «tout cela ait été pour cela !»
Que valent les menaces de M. Sarsar?
Lors de ce passage sur le gril du Quartet, en présence des partis politiques prenant part au Dialogue national, M. Sarsar n'a pas désarmé. Il a rassuré son auditoire sur, par exemple, «la bête noire» de l'argent électoral. Pour lui, l'Isie dispose des moyens nécessaires pour vérifier tous les fonds que les partis investiront dans leurs campagnes et que, en fin des courses législative et présidentielle, M. Sarsar et son équipe vérifieront si oui ou non les règles du fair-play définies par l'Isie ont été respectées.
Le président de l'Instance des élections est allé même jusqu'à brandir, une nouvelle fois, la menace de l'invalidation des résultats de listes qui ont commis des infractions et leur privation des sièges obtenus au prochain Parlement.
«Nous l'avons dit très souvent et nous le répétons encore une fois: nous suivons tout cela de très près – nous-mêmes, la Banque centrale, la Cour des comptes et les services des douanes... Nous avons fixé un plafond pour le financement des campagnes et il devra être respecté par tous les concurrents», a-t-il dit.
Houcine Abassi, secrétaire général de l'UGTT, a pris note: «Souhaitons, donc, que les scrutins seront transparents, honnêtes, libres et... démocratiques», a-t-il déclaré.
Voeu pieux que partagent tous les Tunisiens, faute de mieux, les assurances de M. Sarsar pesant légèrement face aux dérapages et aux abus que tout le monde constate dans le déroulement de la campagne électorale.
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