Mohamed-Hamdi-Mahmoud-BaroudiC’est tout ce qui restait à faire à l’Alliance démocratique, au lendemain du scrutin législatif du 26 octobre 2014: laver son linge sale sur la place publique.

Mohamed Hamdi, secrétaire général de l’Alliance démocratique, a annoncé son retrait de la course à la présidentielle et choisi, par la même occasion, de régler les comptes du «jeune» Mahmoud Baroudi, qui a décidé de quitter le navire de l’Alliance.

Nous savions, depuis la formation de ce mouvement, qu’il tenait beaucoup plus d’une improvisation politique que d’un cheminement réfléchi ou d’une solide construction et, à l’annonce des résultats des législatives, nous devinions assez facilement la fragilisation du mouvement et attendions sa désintégration.

A présent, c’est fait: l’Alliance démocratique vole en éclats. Mercredi 5 novembre 2014, sur Mosaïque FM, dans l’émission ‘‘Midi Show’’ où Mohamed Hamdi était invité, le spectacle que l’Alliance démocratique a donné d’elle-même était affligeant et comique à la fois. Le «tac» du secrétaire général Mohamed Hamdi est venu répondre au «tic» du jeune dirigeant Mahmoud Baroudi de la veille.

Bref, l’on a eu droit à une scène tragi-comique qui en disait long sur l’immaturité de l’un et de l’autre: le philosophe, le sensé et beau parleur Hamdi a perdu patience et décidé de littéralement étriper le gamin terrible et turbulent de l’Alliance.

Ponctuant ses remarques assassines par des «Que Dieu lui pardonne, que Dieu le remette sur la bonne voie», Mohamed Hamdi a expliqué que Mahmoud Baroudi «n’a pas démissionné de l’Alliance. Il a tout simplement pris les devants d’une décision que le mouvement allait, de toutes les façons, prendre à son encontre. Il a donc choisi de partir avant qu’on ne lui inflige une suspension de son activité au sein de l’Alliance».

De l’avis du secrétaire général de l’AD, «Mahmoud Baroudi en fait trop, il en a toujours trop fait. A plusieurs reprises, en tant que dirigeant de l’Alliance, ses prises de position et ses comportements nous ont placés dans des situations très inconfortables».

Mohamed Hamdi a donné l’exemple d’un dernier dérapage de Mahmoud Baroudi: sa déclaration, lors d’une émission politique en prime time sur le plateau d’El-Hiwar Ettounsi, qu’il détenait des informations fiables sur des tractations pour trouver «un candidat consensuel» à la présidentielle pour croiser le fer avec M. Caïd Essebsi. M. Baroudi avait laissé entendre, ce soir-là, que Mohamed Hamdi était de la partie.

«C’était faux et totalement faux: toutes les personnes citées par Mahmoud étaient chez elles. Moi aussi, j’étais chez moi et j’avais éteint mon téléphone», déplore Mohamed Hamdi.

Que reste-t-il de l’Alliance démocratique après les harakiris de Baroudi et Hamdi? Visiblement, pas grand-chose: un Mehdi Ben Gharbia, qui est arrivé à sauver de justesse son siège bizertin de représentant du peuple au prochain parlement; un secrétaire général Mohamed Hamdi qui aurait eu son mot à dire dans ses meetings de la présidentielle mais qui a préféré se retirer sur la pointe des pieds; et un jeune Mahmoud Baroudi qui est désormais promis à une très longue traversée du désert et qui devra apprendre à nager avant de décider de se jeter à l’eau de nouveau.

La nature politique a horreur de l’improvisation. L’AD et d’autres formations de la famille démocratique l’ont appris à leurs dépens…

Marwan Chahla

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