Un «groupe de diplomates tunisiens» souligne les problèmes devant être réglés en priorité «dans l’intérêt de la diplomatie tunisienne dans le contexte de la politique de la promotion de l’image de la Tunisie à l’étranger».


Dans le texte qu’il nous a fait parvenir, et dont nous reproduisons ici l’essentiel, ledit «groupe» commence par présenter des éléments d’information à propos des nombreux ambassadeurs actuellement en poste mais qui n’appartiennent pas au ministère des Affaires étrangères.

Les obligés de l’ex-président et de son épouse
Selon le «groupe de diplomates tunisiens», plus de 60% des chefs de missions diplomatiques et consulaires tunisiennes ne sont pas des fonctionnaires du ministère et ont été désignés par le président déchu pour des considérations personnelles. Ces nominations sont, dans la majeure partie des cas, «des rétributions pour service rendus ou pour la sauvegarde des intérêts» de sa famille et de son épouse.
Voici, par ailleurs, la liste de ces ambassadeurs et leurs affectations tels que précisés par le «groupe»: Mongi Bedoui (Le Caire), Mustapha Bahia (Koweit), Sadok Korbi (Rabat), Raouf Najjar (Paris), Habib Achour (Rome), Ali Chaouch (Vienne), Mohamed Ridha Kechrid (Madrid), Mahmoud Karoui (Lisbonne), Houria Ferchichi (Belgrade), Haj Glai (Ankara), Lyes Ben Marzouk (New Delhi), Aberrahmen Kraiem (Séoul), Noureddine Hached (Tokyo, qui a annoncé sa démission), Mezri Haddad (Unesco), Moncef Gouja (Abuja), Chakib Dhaouadi (Ramallah), Alifa Farouk (Berlin), Rafia Baouendi (Berne), Abbes Mohsen (La Haye), Chokri Hermassi (Dakar), Ridha Massoudi (Yamossoukro), Seifeddine Cherif (Brasilia), Kamel Haj Sassi (Prague), Abdelrahmane Belhaj Ali (La Valette), Ahmed Mahjoub (Pretoria), Habib Mbarek (Alger), Mohamed Samir Abdallah (Beyrouth) et Said Naceur Ramadhan (Khartoum).
Ces ambassadeurs n’ayant, avant leur nomination, aucune notion de la diplomatie ni des relations internationales, les missions qu’ils dirigent fonctionnent grâce aux cadres du ministère, diplomates de vocation.
Selon des communiqués de presse, une décision a été prise le 29 janvier pour effectuer un mouvement substantiel dans le corps des ambassadeurs. Officiellement, les autorités concernées sont restées silencieuses sur la question. Du coup, et selon des informations vérifiés au niveau des missions diplomatiques concernées, les ambassadeurs en question sont en train de manœuvrer en vue d’être maintenus. Pour preuve: certains d’entre eux ont même commencé les préparatifs des réceptions pour célébrer le 20 mars. «Sont-ils vraiment les meilleurs représentants de la Tunisie actuelle?», s’interroge le groupe de diplomates.  
Par ailleurs, des rumeurs non vérifiées nous apprennent que l’actuel ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, aurait l’intention de faire appel à d’anciens fonctionnaires du département qui se trouvent à la retraite depuis un certain nombre d’années pour remplacer les ambassadeurs nommés par l’ex-président et son clan.

Pour une révision des rémunérations
Concernant la rémunération des diplomates tunisiens en poste à l’étranger, le «groupe de diplomates» précise qu’ils sont parmi les plus mal payés du monde. En effet, il n’y a eu que deux augmentations de salaire mineures en 20 ans (5% en 2003 et 7% en 2010). La grille des salaires à l’étranger ne reflète en rien le niveau de vie des pays d’accueil des missions tunisiennes sans compter le renchérissement continu de la vie.
Cet état de fait a une incidence directe sur le rendement du diplomate tunisien qui se trouve souvent dans l’incapacité matérielle de représenter dignement son pays et d’accomplir dans les meilleures conditions sa mission.
Les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères tunisien, pour leur part, sont régis par un statut particulier entré en vigueur en  1991, qui ne prévoit pas de prime spécifique au corps comme c’est le cas de tous les autres corps constitués (magistrats, médecins, enseignants….).
Le «groupe de diplomates» souhaite que toutes ces questions soient soulevées avec le nouveau ministre des Affaires étrangères, qui est un diplomate à la retraite, en vue d’une meilleure visibilité et de transparence visant à l’assainissement de l’environnement de travail au sein du ministère.