Le ministre britannique des Affaires étrangères était mardi en Tunisie, la première étape d’une visite qui le mènera, en trois jours, dans cinq pays de la Mena. Il s’est entretenu avec Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, et Mohamed Nouri Jouini, ministre de la Coopération internationale, mais pas avec son homologue des Affaires étrangères, qui traverse une mauvaise passe suite à ses bourdes à Bruxelles et Paris.
Les priorités (uniquement économiques ?) de la GB
Dans la matinée, le chef de la diplomatie britannique avait rencontré un groupe de jeunes tunisiens qui lui ont fait part de leurs sentiments et réflexions sur la révolution.
Avouant que, désormais, son gouvernement traite la Tunisie «différemment », M. Hague a appelé à percevoir la nouvelle situation dans le pays «en tant qu’opportunité à saisir plutôt qu’à craindre».
Plutôt évasif sur la position de son gouvernement vis-à-vis des questions les plus «brûlantes» telles que, notamment, le gel éventuel des avoirs du clan de Ben Ali en Grande Bretagne et l’abolition des lois tunisiennes dites «de lutte contre terrorisme», M. Hague a appelé à un changement «swift (souple), rationnel et irrévocable» en Tunisie et souligné l’importance d’œuvrer à l’échelle économique.
«Nous espérons pouvoir drainer plus d’investissements en Tunisie où le climat d’affaires sera certainement plus rassurant». Selon lui, Londres «va apporter une assistance technique et une aide financière à la Tunisie pour renforcer la démocratie».
Lors de sa tournée moyen-orientale, dont l’Egypte ne fait pas partie, M. Hague tentera aussi de promouvoir l’Arab Partnership Initiative par lequel son gouvernement tentera de «renforcer le développement économique et politique dans la zone Mena pendant les quatre prochaines années».
Les gestes de grande amitié de Londres
William Hague est le plus haut diplomate occidental à se rendre en Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali et le premier secrétaire d’Etat britannique à visiter le pays depuis de longues années.
Autre geste de grande amitié de Londres: pour exprimer sa sympathie pour la révolution tunisienne, la Grande-Bretagne a été le premier pays européen à lever, dès vendredi, sa mise en garde sur les voyages en Tunisie. «Il y a maintenant un nouveau gouvernement largement représentatif et qui a signalé son intention d’engager des réformes politiques. La Grande-Bretagne pense que ces actions sont encourageantes», avait noté le Foreign Office dans un communiqué. Les Tunisiens s’en souviendront…
On peut espérer que les autres pays européens, qui représentent des partenaires économiques importants de la Tunisie, ne tarderont pas à suivre ce mouvement de solidarité avec la «révolution tunisienne».
Mourad Teyeb