Moncef Marzouki a entamé, aujourd'hui, sa campagne pour le 2e tour de la présidentielle par une visite à la médina de Tunis à la rencontre des habitants et des commerçants.
Le candidat du Congrès pour la république (CpR), dont la campagne a été placée sous le slogan: «De vrais citoyens défendant de vraies valeurs», a réaffirmé, ce mardi 9 décembre 2014, son engagement, en cas de victoire, à combattre la pauvreté dans les régions marginalisées et les quartiers démunis.
Régions et quartiers pour lesquels, soit dit en passant, il n'a pas fait grand-chose durant les 3 années qu'il a déjà passées au Palais de Carthage (décembre 2011-décembre 2014).
Mais passons! Soyons indulgents, pour que l'on ne dise que nous sommes impartiaux!
Le président provisoire de la république, qui était entouré d'un grand nombre de ses partisans et d'un important dispositif sécuritaire, a accusé «l'argent sale» (sic !) d'être derrière «les rumeurs propagées» (sic !) à son sujet. Il faisait allusion aux informations fuitées, documents à l'appui, sur ses dépenses faramineuses et souvent injustifiées, puisées dans les caisses de la présidence de la république, donc dans les poches du contribuable. Cet argent-là, bien sûr, n'est pas «sale», puisqu'il a profité aux copains et aux coquins de «sayed errais»! Mais passons ! Soyons indulgents, pour que l'on ne dise que nous sommes impartiaux!
Fidèle à sa stratégie donquichottesque de guerroyer contre des moulins à vent, M. Marzouki a cru devoir mettre en garde (encore?) contre un éventuel «retour en arrière», considérant qu'en cas de victoire de son adversaire, Béji Caïd Essebsi, candidat de Nida Tounes, «les avancées réalisées dans le domaine des droits et libertés au cours des trois dernières années disparaîtront à jamais».
Cette affirmation est farfelue ou, pour le moins, exagérée, d'autant que la Constitution protège désormais les citoyens contre toute dérive autoritaire. Et que la société civile, les médias et la justice indépendante sont, aujourd'hui, les véritables gardiens des droits et des libertés.
M. Marzouki a, par ailleurs, estimé que son élection est une responsabilité qui incombe à tous les Tunisiens et appelé ses sympathisants à tout mettre en oeuvre pour convaincre les citoyens, qui ont été induits en erreur par les rumeurs.
Le candidat à sa propre succession, chef d'Etat s'il en est, mais qui aime se couler dans la peau de l'ex-opposant qu'il fut jadis et sacrifier à une forme de victimisation dont les Tunisiens se sont lassés, a cru aussi devoir mettre en garde contre «une éventuelle falsification» des résultats du 2e tour de la présidentielle, prévue le dimanche 21 décembre 2014, en appelant les citoyens à la vigilance.
M. Marzouki soupçonne-t-il l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), instance constitutionnelle dont les membres ont été élus par l'Assemblée nationale constituante (ANC), et donc par propre parti, d'être impartiale, incompétente, infiltrée ou au service de Nida Tounes?
Si c'est le cas, qu'il le dise ouvertement et que l'on ouvre une enquête judiciaire à ce sujet. Sinon qu'il cesse d'agiter la menace de falsification, à laquelle plus aucun citoyen tunisien, un tant soit peu censé, ne croira. Mais Marzouki est-il censé?
Ce qui est à craindre, derrière l'agitation de cette menace à tout bout de champ, par M. Marzouki et ses partisans, c'est qu'ils se préparent à rejeter les résultats de prochain scrutin et préparent aussi l'opinion publique au refus du Tartour de quitter le Palais de Carthage. Il y a donc danger...
I. B. (avec Tap).
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