L'islamophobie, l'Etat islamique (Daêch) et la cause palestinienne ont été sur la table des ministres de l'Information des pays islamiques réunis la semaine dernière à Téhéran.
Par Essia Atrous (envoyée à Téhéran)
C'est à l'hôtel Azadi (liberté en langue perse), au centre de la capitale iranienne, que s'est déroulée la conférence des ministres de l'Information des pays membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), le 3 décembre 2014, qui a suscité beaucoup d'interrogations dans un pays où la liberté reste toujours un sujet tabou et où l'information est sous la tutelle d'un ministère et, surtout, soumises aux désidératas des mollahs.
L'hôtel de la liberté
Le choix d'Azadi Hotel (littéralement «hôtel de la liberté») pour abriter la réunion des premiers responsables de l'information dans les 57 pays membres de l'OCI n'est donc pas fortuit. C'est un clin d'oeil que chacun lira à sa manière, entre ironie et cynisme. Il révèle, en tout, entre dits et non-dits, les défis majeurs posés par (et, surtout, pour) les participants.
Les longs discours préparés d'avance se sont attardés sur l'islamophobie, la cause palestinienne, le danger représenté par l'Etat islamique (Daêch) et les conflits sanglants dans la région qui hantent l'esprit des dirigeants d'Al-Oumma Al-Islamia (nation islamique), mais ils n'ont pas proposé de solutions, tant il est vrai que les baguettes magiques appartiennent au monde des fées...
Si l'ouverture de la conférence de Téhéran s'est déroulée dans une ambiance plutôt convenue et feutrée, la présence de l'ambassadeur syrien à Téhéran Adnan Mahmoud n'a pas tardé à provoquer la colère de la délégation saoudienne qui a menacé de se retirer si l'invité de Téhéran, dont le pays a vu son adhésion à l'OCI gelé depuis trois ans, ne quittait pas la conférence... Chose faite et les autorités iraniennes ont du se plier à la farouche volonté des pays du Golfe.
Les participants à la conférence, qui devaient se réunir pendant deux jours, sont arrivés à terminer leurs travaux en une seule journée. Dans deux ans, c'est la Tunisie qui organisera la conférence des ministres de l'Information de l'OCI après que le Bengladesh et l'Azerbaïdjan aient retiré leur candidature. Détail croustillant s'il en est, puisque la Tunisie n'a plus de ministre de l'Information depuis la chute du régime de Ben Ali, en janvier 2011.
Les travaux de la 10e session de la Conférence islamique des ministres de l'Information (CIMI) de l'OCI se sont déroulés sous le signe de la «convergence des médias pour la paix et la stabilité dans le monde islamique». Ils ont débuté par la réunion des hauts fonctionnaires, consacrée à la discussion des résolutions finales.
Histoires de fées
La directrice du département de l'Information de l'OCI, Maha Mustapha Akil, a déclaré aux journalistes que «la 10e session de la CIMI intervient à l'heure où le monde islamique est confronté à des problèmes en tous genres : guerres, conflits, catastrophes naturelles provoquées par l'homme, épidémies et famines, sans parler de la pauvreté et du chômage». «Les médias continuent de nous terroriser et de nous frustrer», a-t-elle souligné, en invitant les journalistes à «faire preuve d'objectivité et de responsabilité, et à lancer des messages d'espoir et d'optimisme». Devraient-ils raconter des contes de fées ?
Mme Akil a, également, appelé à «interagir avec la révolution des technologies de l'information, qui constitue le meilleur support pour communiquer nos messages à l'homme de la rue», a-t-elle souligné, qualifiant de «très judicieux» le choix du thème de la conférence, à savoir «la convergence des médias pour la paix et la stabilité dans le monde islamique».
Neuf résolutions ont été adoptées parmi lesquelles figure celle relative à l'information dans les Etats membres de l'OCI et son rôle dans le soutien de la cause palestinienne, d'Al-Qods Al-Charif et de la sainte mosquée d'Al-Aqsa. La mêmd rengaine...
Ces résolutions portent aussi sur le soutien aux actions médiatiques islamiques communes, au renforcement du processus de mise en œuvre du programme d'information spécial pour changer l'image de l'Afrique afin de valoriser sa place et son rôle dans le monde islamique; la généralisation du programme à d'autres régions et la consolidation de la coopération et de la coordination médiatiques entre les organismes de l'OCI.
Quant au lancement du projet de chaîne satellitaire islamique (OCI), il reste un but lointain, d'autant que l'émirat qui devait être son principal investisseur, s'en est retiré, le trouvant désormais irréalisable dans un monde islamique divisé.
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