Les législatives du 26 octobre 2014 ont impressionné l'universitaire australienne Thérèse Pearce Laanela. Le pays et les Tunisiens l'ont fascinée. Elle promet de revenir.
Par Marwan Chahla
L'Australian Broadcasting Corporation (ABC), le diffuseur national australien, ne s'est pas privé du plaisir de raconter l'aventure tunisienne de Thérèse Pearce Laanela, doctorante de l'Université nationale australienne, qui, dans le cadre de ses recherches universitaires, a traversé près de 17.000 kilomètres pour venir en Tunisie étudier les premières élections législatives libres de la Tunisie postrévolutionnaire.
La Tunisie tient bon
Selon la chercheure canberrienne, le cas tunisien valait bien le déplacement du fin fond de l'Océanie: «Il y a au moins deux raisons à cela. Tout d'abord, c'est en Tunisie que les soulèvements du Printemps arabe ont commencé. Et c'est en Tunisie, également, que l'expérience (de la transition démocratique, NDLR) semble tenir la route. Ailleurs, en Egypte et en Libye par exemple, nous sommes obligés de constater que les choses ont emprunté des trajectoires différentes – pour ne pas dire autre chose ».
Il fallait que Mme Laanela voie d'elle-même la manière dont une certaine «magie» tunisienne opère et réussit là où les autres... échouent.
«Pour moi, les élections étaient la sphère de ma recherche la plus intéressante. C'est sur ce terrain-là que se construit une réussite ou se rate la chance de la transition démocratique. Du succès de cette opération dépend bien évidemment la suite des évènements. Il en découle, bien sûr, la reconnaissance internationale et la stabilité politique dont la Tunisie a besoin dans une région instable», explique-t-elle.
L'approche de Thérèse Pearce Laanela est toute simple: «Il s'agissait d'étudier la confiance que les électeurs ont placée en ce scrutin et de suivre le travail mené par 7 autorités électorales locales (Instances régionales indépendantes des élections, Irie, NDLR) autour de la ville de Tunis», dit-elle.
La doctorante australienne avait déjà couvert un long chemin dans ce domaine de l'observation électorale: une vingtaine d'années de recherches qui lui ont permis d'étudier des cas divers et variés, comprenant par exemple le traditionnel système Westminster, auquel les Australiens sont habitués, ou les modèles électoraux émergents dans des pays autrefois déchirés par la guerre comme le Cambodge et le Mozambique.
Traiter les attentes et les déceptions
En Tunisie, l'expérience a été intéressante, selon elle, car plusieurs des candidats aux législatives avaient été emprisonnés sous les anciens régimes pour leur activité politique. «Pour la majorité des candidats, chaque étape du processus électoral et chaque pas étaient nouveaux et inconnus», a-t-elle constaté.
L'étonnement de Mme Laanela n'allait pas s'arrêter là. «J'ai été fascinée par la manière dont les membres des commissions électorales locales traitaient les attentes et les déceptions des candidats, du début jusqu'à la fin – durant l'enregistrement sur les listes électorales, lors de l'opération du tirage au sort des cases sur le bulletin de vote, tout au long du pilotage de la campagne et le contrôle des financements des campagnes», confesse-t-elle.
Elle avoue qu'elle n'oubliera jamais cette grande disponibilité des agents des Irie qu'elle a visitées et leur bonne volonté: «Ils répondaient à mes appels téléphoniques à toutes les heures de la journée. Ils ne rechignaient jamais à rendre service... Vers la fin de l'opération électorale, il est vrai qu'ils étaient complètement exténués. Mais, cela valait la peine: le jour du scrutin, il y avait une sorte de magie qui planait au-dessus des bureaux de vote et alentour. Je n'oublierai jamais ces longues queues d'électeurs qui attendaient patiemment leur tour et qui, à la sortie des bureaux, brandissaient avec beaucoup de fierté leurs index marqués à l'encre bleue».
Thérèse Pearce Laanela, qui n'a pas eu le temps de faire d'autres découvertes tunisiennes pendant son séjour de dix semaines, a pris un nouveau rendez-vous avec la Tunisie et avec «son architecture, sa culture et son histoire qui marient harmonieusement les influences arabes, européennes et africaines».
«Je reviendrai un jour», s'est-elle promise. Elle est toujours la bienvenue.
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