Béji Caïd Essebsi a finalement remporté le 2e tour de la présidentielle par un score confortable face à son adversaire Moncef Marzouki.
Par Imed Bahri
Le président de Nidaa Tounes, qui a remporté le 1er tour de la présidentielle avec 6 points d'avance sur le président d'honneur du Congrès pour la république (CpR), a réussi à conforter son avance au second tour, ce dimanche 21 décembre 2014.
Ce résultat est conforté par plusieurs sondages de sortie des urnes, en attendant l'annonce des résultats officiels de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie).
Mohsen Marzouk, directeur de campagne de M. Caïd Essebsi, a annoncé la victoire de ce dernier dans une conférence de presse, dès 18h30 heures.
Dans l'autre camp, Adnen Mansar, directeur de campagne de M. Marzouki, avait, dans une conférence de presse, quelques minutes auparavant, affirmé que les résultats sont serrés entre les deux candidats et averti contre les résultats de sortie des urnes, qui ont une importante marge d'erreur et visent à imposer le fait accompli. Il a aussi souligné les dépassements enregistrés dans certains bureaux de vote et qui ont été documentés et soumis à l'isie.
Quoi qu'il en soit, la victoire de M. Caïd Essebsi semble acquise. Et on pourrait déjà en tirer quelques conclusions.
Leçons préliminaires de la première élection présidentielle libre, pluraliste et transparente dans l'histoire de la Tunisie : M. Marzouki, qui a fait le plein lors du 1er tour, grâce notamment au vote massif des sympathisants du parti islamiste Ennahdha, n'a pas pu rattraper son retard au second tour, même en brassant large, dans les rangs des salafistes, des Ligues de protection de la révolution (LPR), milices islamistes violentes interdites par décision de justice, dont les chefs étaient à l'avant-garde de sa campagne, et même parmi une poignée de Rcdistes qui ont tourné casaque.
Les jeunes, parmi lesquels M. Marzouki recrute l'essentiel de ses sympathisants, n'ont pas été nombreux dans les bureaux de vote, ce qui ne l'a pas favorisé, loin s'en faut.
On peut aussi estimer que certains électeurs d'Ennahdha ont préféré ne pas accorder leurs voix à M. Marzouki, devenu, à leurs yeux, un homme dangereux, car impulsif et incontrôlable. Beaucoup n'ont pas voté, d'autres ont voté blanc, renvoyant les deux candidats dos-à-dos.
Toutes ces raisons expliquent la défaite de Marzouki et, partiellement aussi, par ricochet, la victoire de Béji Caïd Essebsi.
Ce dernier, dont l'électorat est plus stable – son parti, rappelons-le, avait remporté les législatives du 26 octobre 2014 –, a pu aussi bénéficier des reports de voix des sympathisants des partis qui ont soutenu sa candidature, notamment l'Union patriotique libre (LPR), Afek Tounes, Al-Moubadara, Al-Massar, et même aussi le Front populaire, même si ce parti ne l'a pas soutenu officiellement.
{flike}