C’est, en tout cas, ce qu’a laissé entendre le ministre français de l’Industrie, Eric Besson, qui semble ne pas faire de distinguo entre la Tunisie d’avant et d’après Ben Ali.


M. Besson, qui est marié à la Tunisienne Yasmine Torgeman, n’a pas oublié qu’il était, il y a peu, ministre de l’Immigration. Evoquant, hier, les milliers de migrants clandestins tunisiens arrivés ces derniers jours dans l’île italienne de Lampedusa, M. Besson a affirmé qu’il n’y aurait pas de «tolérance pour l’immigration clandestine», estimant que les soutiens de l’ex-président Ben Ali pouvaient prétendre au bénéfice de l’asile politique.
Selon certaines sources, nombre des immigrés clandestins échoués sur l’île italienne sont des agents de Ben Ali, des personnes qui ont commis des crimes contre leur peuple et qui essayent de fuir la justice de leur pays.   
«Il ne peut pas y avoir de tolérance pour l’immigration clandestine» mais «certains peuvent avoir le droit à l’asile», a répondu le ministre sur Canal + au sujet des soutiens du président déchu. «Ce n’est pas une décision collective, l’asile. Vous regardez toujours au cas par cas la situation personnelle».
Cela veut dire que M. Besson ne fait pas confiance à la nouvelle justice tunisienne, qui aura à statuer sur les abus, les malversations et même les crimes commis par les membres du clan Ben Ali et ses nombreux sbires dans l’appareil de l’Etat.
Est-ce à dire que les assassins, qui ont loué leurs services au dictateur et à sa clique, pourront avoir l’asile politique en France et dans les autres pays européens, comme ce fut le cas, avant le 14 janvier, pour les opposants politiques à Ben Ali?
Est-il raisonnable de mettre ainsi sur un pied d’égalité les uns et les autres et de ne pas faire de distinguo entre la justice tunisienne d’avant et d’après Ben Ali?
Décidément, M. Besson n’en finit pas de nous choquer.

R. K.