Farhat Hached
Selon une source diplomatique française, une commission franco-tunisienne d’historiens pourrait être constituée pour aider à faire la vérité sur l’assassinat du leader syndicaliste tunisien Farhat Hached, affaire qui continue de jeter une ombre sur les relations entre les deux peuples.


Farhat HachedCe crime, survenu sur la route reliant Radès et Tunis, le 5 décembre 1952, a été revendiqué par la Main rouge, une organisation terroriste constituée de colons extrémistes proches de l’administration coloniale française de l’époque. «Avis aux princes aussi haut placés soient-ils, aux grands et petits bourgeois destouriens vendus à l’Amérique comme à la racaille communiste, ce pays est terre de culture française et le restera», pouvait-on lire dans un tract envoyé par cette organisation fasciste à la famille du syndicaliste.
En se vantant récemment, dans une émission de témoignage sur la chaîne de télévision Al-Jazira (18 décembre 2009), d’avoir assassiné le père du syndicalisme tunisien, et en déclarant, en toute impunité, que si c’était à refaire, il le referait, Antoine Méléro, l’un des membres survivants du commando de tueurs, n’a pas manqué de choquer l’opinion publique, et pas seulement en Tunisie. Il a aussi relancé, par là même, cette affaire qui est restée sans jugement.

Une plainte avec constitution de partie civile a ainsi été déposée, le 16 mars, auprès du tribunal de grande instance de Paris pour «apologie de crimes de guerre» par la Ligue française des droits de l’homme (LDH) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) au nom de l’association Vérité et justice pour Farhat Hached.

main rougeMéléro a décrit la Main rouge comme «le bras armé du Sdece (l’ancien service de renseignement extérieur français) ou d’une fraction de cette centrale», officine à laquelle il dit avoir appartenu, dans un livre paru en 1997 (‘‘La Main rouge. L’Armée secrète de la République’’, éd. du Rocher, Paris, 1997).
Les assassins de Hached avaient-il eu, oui ou non, des complicités au sein de l’appareil d’Etat français, comme l’insinue du reste Méléro ? Les Tunisiens, à commencer par les enfants de la victime, voudraient bien connaître la vérité. L’idée de créer une commission mixte d’historiens tunisiens et français en charge de faire la lumière sur les circonstances de l’assassinat de Hached serait fort judicieuse si les autorités françaises acceptaient de jouer le jeu en livrant aux historiens tous les rapports officiels français relatifs à ce crime. Et, particulièrement, les rapports classés comme ultra secrets dans leurs archives et  auxquels le fils aîné du défunt, Noureddine Hached, n’avait jamais pu accéder. Et ce n’est pas faute d’en avoir fait officiellement la demande.

R. K.