La question se pose avec insistance depuis que des informations ont circulé sur la détérioration de l’Etat de santé de l’ex-président (ou son décès) et la demande de son extradition adressée par Tunis à Riyad.


Suite à une nouvelle série d’accusations lancées à l’encontre de Ben Ali, les autorités tunisiennes ont adressé, à leurs homologues saoudiennes, une demande officielle d’extradition de ce dernier.

Nouvelles accusations et demande d’extradition
Les nouvelles accusations portent sur des crimes graves: homicide volontaire, incitation au meurtre et complot visant à semer la discorde entre les citoyens en les poussant à s’entretuer.
Ces accusations s’ajoutent à la commission rogatoire émise par Tunis et adressée aux autorités judiciaires saoudiennes, dans le cadre de poursuites judiciaires contre Ben Ali et son clan pour possession de comptes bancaires et de biens immobiliers dans plusieurs pays, dans le cadre d’opérations de blanchiment d’argent acquis par voie illégale, ainsi que la tenue et l’exportation illicites de monnaies étrangères.
La demande d’extradition de Ben Ali a été envoyée à Riyad par voie diplomatique, précise un communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères rendu public aujourd’hui. Le ministère informe, également avoir formulé une demande à l’adresse du Royaume d’Arabie Saoudite, afin «de lui fournir, dans les plus brefs délais, toutes les données dont il dispose concernant l’état de santé du président déchu, à la lumière des informations contradictoires véhiculées à propos de la détérioration de son état de santé et de son décès éventuel.»

Est-il sorti de son état comateux?
De son côté, le journaliste Nicolas Beau (auteur de ‘‘La régente de Carthage’’) indique sur son blog que le président déchu, hospitalisé dans un état critique à Djeddah, depuis mardi dernier, après un accident vasculaire cérébral, est sorti de son état comateux. «Malgré le pronostic très réservé des médecins vendredi encore, l’ex-chef de l’Etat a retrouvé samedi un vague état de conscience», précise le journaliste, citant des «sources fiables à Paris et à Tunis». «Ben Ali serait même sorti de son hôpital samedi, transporté sur un brancard, vers une destination inconnue», ajoute le journaliste.
Selon Nicolas Beau, les Saoudiens, ont coupé le téléphone satellitaire de Ben Ali et l’ont placé dans une résidence éloignée à la frontière du Yémen. Et c’est ce qui a provoqué sa colère, son accident cérébral et son transfert dans un état critique et semi-comateux jusqu’à l’hôpital royal de Djeddah.
Ces informations, notre confrère affirme les tenir de sources proches de l’actuelle présidence de la république tunisienne.
Cette information est cependant contredite par le site israélien JSSNews, qui parle de scoop en annonçant le décès de Ben Ali et même de très improbables négociations entre Riyad et Tunis pour l’enterrer dans son pays.
Citant des «diplomates tunisiens en poste en Europe de l’Ouest», JSS News affirme que l’ex-président «serait mort à 22h30, dans la nuit de vendredi à samedi» et que «des négociations seraient en cours avec le gouvernement de Tunis afin qu’il soit autorisé à être enterré en Tunisie». Les mêmes sources auraient affirmé que «Ben Ali serait mort cliniquement depuis 24 heures», c’est-à-dire avant sa mort physique. Sa femme, Leila Trabelsi, aurait, «depuis Tripoli, en Libye, donné le feu vert pour [le] débrancher.»
JSS News donne un autre détail: Ben Ali «serait mort seul. Pas un seul membre de sa famille n’aurait daigné venir le visiter en Arabie Saoudite alors que tous savaient qu’il vivait ses derniers moments».
L’épais mystère maintenu par les autorités de Riyad et Tunis sur la situation réelle de l’ex-président laisse la porte ouverte à toutes les supputations. On comprend la gêne qu’éprouvent les deux pays à gérer le sort d’un personnage aussi encombrant, mais cela ne justifie nullement le black-out observé à ce sujet.

Imed Bahri