«Dans la région, il y a soit la dictature soit l’extrémisme, et grâce à vous, la voie de la démocratie est ouverte», a déclaré le sénateur américain John McCain.
M. McCain intervenait, avec son collègue Joseph Lieberman, au cours d’une conférence de presse, lundi, au terme d’une visite de trois jours en Tunisie. La conférence s’est tenue au siège de l’ambassade américaine, au nord de Tunis, en présence de l’ambassadeur Gordon Gray.
Les Etats-Unis se donnent pour mission en Tunisie d’aider à la tenue d’élections libres et transparentes et au redémarrage de son économie pour que la révolution réussisse, ont affirmé les deux hommes.
Les Etats-Unis croient au succès de la révolution tunisienne
Les deux sénateurs, qui ont eu des entretiens avec le Premier ministre Mohamed Ghannouchi et des représentants de la société civile, qualifient leurs discussions de fructueuses. Ils se disent aussi optimistes quant au succès de la révolution en Tunisie, mais à condition qu’elle soit sécurisée. Sinon, «ce sera la catastrophe». «En cette seconde étape, il s’agit de sécuriser la révolution et de la légaliser», a précisé le sénateur Lieberman. Et d’ajouter que les deux pays sont beaucoup plus que des alliés. Ce sont des pays amis et leur amitié remonte à plus de 200 ans.
Les deux parlementaires sont venus en Tunisie pour rencontrer la société civile et le gouvernement de transition après la révolution faite par (et pour) les Tunisiens et se rassurer. «Le gouvernement américain et le Congrès sont aujourd’hui déterminés à soutenir la Tunisie durant cette importante période de transition. Notre rôle est de fournir une assistance urgente. La Tunisie constitue un exemple, pas seulement dans la région, mais dans le monde», a dit le sénateur Mc Cain.
Cet ancien aviateur de la marine américaine et ancien candidat à la présidence a souligné le soutien de son pays à la Tunisie. «Un peuple éduqué qui a fait sa démocratie mérite notre soutien et nous nous engageons à répondre à ses besoins intérêts pour qu’il puisse avancer», a-t-il dit.
Les deux hôtes de la Tunisie ont promis qu’à leur retour à Washington, ils parleront à leurs collègues au Congrès pour que les Etats-Unis assistent autant que possible la transition dans notre pays et y enraciner la démocratie. «Dans la région, il y a soit la dictature soit l’extrémisme, et grâce à vous, la voie de la démocratie est ouverte», a souligné Mc Cain. Il a poursuivi: «Nous allons renforcer davantage nos relations et élever le niveau de partenariat entre les deux peuples amis. Nous allons parler au Congrès pour que les investisseurs puissent aujourd’hui venir en Tunisie en toute sécurité et sans craindre la corruption. Le fait que les Tunisiens ont condamné vivement l’assassinat du curé polonais est rassurant. Nous allons aussi assister l’armée, qui a joué et joue un rôle important dans la sécurité du pays et la protection de son économie et qui a s’est gardée de tirer sur le peuple. Les deux prochaines années seront décisives et pourront donner des fruits aux gens de Washington et au peuple américain. En cette ère exaltante, il y a beaucoup des choses à faire pour le destin du pays».
Le dernier mot revient au peuple
«Lorsque nous avons appris ce qui s’est passé en Tunisie, Républicains et Démocrates, nous avons tous applaudi et cela est venu du cœur. Le peuple américain est disposé à offrir toute son aide pour assister le pays dans les élections prochaines qui doivent être libres, transparentes, crédibles et accompagnées d’une presse libre pour ne pas revenir en arrière», a encore affirmé le sénateur McCain, qui connait la Tunisie depuis le règne de Bourguiba.
Interrogés sur le soutien des Etats-Unis au président déchu lors des élections 2009, ils ont laissé l’ambassadeur répondre: «On a refusé de nous laisser suivre ces élections. Le 26 septembre 2009, les observateurs ont été empêchés de faire leur travail. Par la suite, notre gouvernement a critiqué les autorités tunisiennes et Obama n’a pas envoyé de lettre pour féliciter le président déchu. C’est comme en Egypte, les [autorités tunisiennes de l’époque] ont refusé nos observateurs».
Interrogés sur ce qui se passe actuellement en Libye, les deux sénateurs ont condamné sans nuance le gouvernement de Kadhafi: «Tous les dirigeants qui tirent sur leur peuple seront punis», a répondu M. Lieberman.
Les Américains ont-ils peur d’un gouvernement islamiste en Tunisie? Réponse de McCain: «Nous respecterons le verdict du peuple».
Zohra Abid