Deux ministres français ont renouvelé, mardi, à Tunis, le soutien de la France à la transition démocratique en Tunisie et évoqué un «plan Marshall» pour notre pays.


Christine Lagarde, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie et Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, qui ont été reçus par le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, ont qualifié d’«impressionnant» ce que les Tunisiens sont parvenus à faire pour leur pays.
Cette visite a pour objectifs d’examiner les conditions de renforcement du partenariat économique tuniso-français et d’exprimer l’admiration de la France à l’égard du peuple tunisien «pour cette révolution à la fois pionnière et profondément morale, qui l’a engagé dans ce mouvement de transition», a souligné Mme Lagarde.

Accompagner les Tunisiens dans leur transition démocratique
La ministre française a ajouté: «Nous reconnaissons avec beaucoup d’admiration la rupture profonde qui s’est engagée et nous avons également souhaité mobiliser les membres du gouvernement pour accompagner cette mue».
Dans cette optique, le secrétaire d’Etat français au Tourisme sera, dès la semaine prochaine, en Tunisie, pour examiner «à quelle condition la France peut mobiliser tous les acteurs du tourisme français au service d’une campagne en faveur de la Tunisie», a-t-elle fait savoir.
L’objectif de cette campagne est, estime la ministre française, de faire en sorte que les touristes français et bien d’autres puissent revenir en vacances en Tunisie et aient totale confiance dans ce pays.
Sur un autre plan, Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur va accompagner des entreprises françaises en Tunisie, dès le mois prochain, pour renforcer les échanges, maintenir les investissements et bien affirmer la confiance économique exprimée par la France à l’égard de la Tunisie.
Mme Lagarde a souligné que la France a pris l’initiative, dans le cadre de la clôture de la présidence du G20 Finances, qui s’est tenue à Paris, pour engager la communauté internationale dans un message de soutien et d’amitié et aussi de mobilisation économique et financière, aux côtés des instance internationales et des banques régionales de développement, pour accompagner le peuple tunisien dans son mouvement démocratique.
«Le peuple tunisien a donné une leçon au monde entier» a déclaré, pour sa part, M. Wauquiez devant une pléiade de journalistes et de représentants de médias tunisiens et étrangers. «Vous avez montré que l’impensable devenait possible grâce à la mobilisation du peuple tunisien et ce que vous avez fait force le respect», a-t-il réitéré, estimant qu’il est hors de question de venir après la bataille pour donner des leçons à qui que ce soit ou expliquer ce qui serait bon ou mauvais pour la Tunisie.

«Passer du temps des commentaires au temps de l’action»
La visite des deux ministres français en Tunisie a pour principal objectif, a-t-il dit, d’écouter les homologues tunisiens et prendre connaissance des attentes du gouvernement provisoire en vue de «passer du temps des commentaires au temps de l’action.»
«La France veut résolument s'engager au côté de la Tunisie pour que l'Europe fasse le choix de la Tunisie pour en faire sa priorité», a-t-il annoncé, précisant que pour réaliser cet objectif, «La France s'emploiera à être le meilleur avocat de la Tunisie à Bruxelles.»
Concrètement, la France va «militer» pour faire en sorte que la Tunisie puisse accéder, avant la fin de cette année, au statut avancé, non un statut classique et standard de l’Union européenne mais un statut «privilégié et sur mesure», a déclaré M. Wauquiez.
Le statut avancé présentera une opportunité énorme à la Tunisie pour améliorer son intégration économique dans le cadre de la sphère européenne et facilitera l’accès des Pme tunisiennes aux marchés européens, a-t-il indiqué.
La France s’emploiera, également, à développer la coopération sectorielle avec la Tunisie dans des domaines, tels que la biotechnologie et la formation professionnelle.
Pour ce qui est du tourisme, le ministre français a déclaré qu'il y a des marges de manœuvre pour faire connaître la Tunisie dans toute l’Europe. «La volonté de la France, dans ce cadre, est de financer un programme européen de promotion de la destination Tunisie pour attirer des touristes de toute l’Europe vers la Tunisie et faire découvrir, surtout, à l’Europe du Nord, cette destination.
Concernant les programmes régionaux, la France se veut pragmatique, a avancé M. Wauquiez, évoquant les intentions de réaliser des projets dans les domaines des fermes solaires, de créer des réseaux d'aide aux Pme et de mettre en place des programmes de dépollution de la Méditerranée et de la recherche. Pour ce dernier secteur, il a annoncé l’intention de créer un centre de recherche euro-méditerranéen à Tunis.

L’Europe doit augmenter son aide financière
Sur le plan financier, le ministre a déclaré qu'il ne faut pas compter seulement sur la politique de voisinage. «L’Europe doit augmenter les moyens financiers consacrés à la Tunisie», estimant que la politique de la priorité de la rive sud doit s’incarner en Tunisie.
M. Wauquiez a relevé que la Banque européenne d’investissement (Bei) dont les capacités d’investissement sont énormes (80 milliards d’euros de financements) et la présence dans la région peut être accrue, doit accroître ses moyens financiers au profit de la Tunisie.
Le ministre des Affaires européennes a réaffirmé l’engagement de la France pour que des moyens supplémentaires de financement soient accordés à la Tunisie dans le cadre des instruments et mécanismes européens avec pour finalité, a-t-il dit d’«être à côté de la Tunisie pour investir dans la démocratie.»