L'Union européenne (UE) se serait enfin résolue à ne plus se contenter d'applaudir la ''Révolution du jasmin'' et à aider davantage la Tunisie. Il va falloir qu'elle traduise ses paroles en actions.
Par Marwan Chahla
Réunis jeudi et vendredi 19 et 20 mars 2015 à Bruxelles, les dirigeants de l'UE ont revu leur ordre du jour et consacré une bonne partie de leur sommet à la réponse à apporter à l'attentat du Bardo.
«L'Union européenne et ses Etats membres intensifieront leur coopération avec la Tunisie pour que nous puissions faire face ensemble à cette menace terroriste commune, donner de la force à la démocratie tunisienne prometteuse et soutenir son développement économique et social», a déclaré le groupe des 28 Etats de l'UE, dans un communiqué rendu public hier.
«L'Europe se doit de répondre»
Sur le nombre total des personnes qui ont trouvé la mort au musée du Bardo, plus de la moitié sont européennes – et sur le total des 9 nationalités des victimes, 5 sont d'Europe. Pour la Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Federica Mogherini, il n'y a pas le moindre doute qu'«il s'agit là d'une attaque contre l'Europe, et l'Europe se doit de répondre.»
Cette prise de conscience européenne que le danger terroriste frappe aussi aux portes du Vieux continent ne serait qu'un éveil à moitié. De fait, la nouvelle fermeté ou la détermination de l'UE à se tenir plus au côté de la Tunisie n'assume pas la totalité de la responsabilité européenne de ce qui passe aujourd'hui dans les régions nord-africaine et moyen-orientale – et très certainement bien au-delà.
Si l'Etat islamique (Daêch) a pu porter un coup aussi fatal au musée du Bardo, c'est, dans une très large mesure, en raison de l'état de confusion et d'instabilité qui règne en Libye. Il suffirait, tout simplement, de relever, par exemple, que les deux terroristes qui ont exécuté l'attaque terroriste du mercredi 18 mars ont suivi leur préparation dans des camps d'entraînement en Libye, pays qui a sombré dans le chaos et la guerre civile au lendemain de la mise hors jeu de Kadhafi par l'OTAN...
Pour s'aider elle-même, l'Europe doit aider les pays sud-méditerranéens, dont la Tunisie, à combattre le terrorisme.
L'UE est prête à offrir tous les soutiens
Pour l'instant, il semble que l'UE se suffirait d'un recours aux moyens économiques, étant donné que la plupart des Etats membres écartent la solution d'une intervention militaire en Libye. «Nous n'avons pas l'intention d'intervenir militairement», a déclaré Federica Mogherini, ajoutant que l'Union est disposée, par contre, à offrir «toutes les options de soutien possibles, même sur le plan sécuritaire.»
L'urgence s'impose donc à tous, car, de la même manière que Daêch a pu faire mal en plein cœur de Tunis, rien théoriquement et matériellement ne pourrait l'empêcher de perpétrer ses massacres ailleurs.
Le premier ministre Manuel Valls a averti, jeudi, que l'Europe est confrontée à la plus sérieuse menace terroriste de son histoire. «Le problème, a-t-il dit, n'est pas de savoir s'il va y avoir une autre attaque en France et en Europe, mais plutôt quand et où.»
A présent, tout le monde est averti: la guerre contre l'Etat islamique va s'intensifier. Et l'Europe ne pourrait pas y échapper. Pour rappel, plus de 3000 Européens ont fait le déplacement en Irak et en Syrie pour combattre dans les rangs de Daêch. Les renseignements européens estiment que, sur ce total, plus de 750 jihadistes sont déjà rentrés dans leurs pays et ces terroristes pourraient reprendre les armes à tout instant...
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