Les Etats-Unis apporteront, dans l’immédiat et à long terme, toutes les contributions possibles à la Tunisie, a affirmé William J. Burns, en mission à Tunis, les 23 et 24 février.
Les visites de responsables américains se multiplient et s’accélèrent. Celle du sous-secrétaire d’Etat chargé des Affaires politiques est venue confirmer que Washington est déterminé à assister la Tunisie, qui constitue aujourd’hui «une source d’inspiration» pour le reste de la région, a-t-il dit, au cours d’une conférence de presse, aujourd’hui, à l’ambassade de son pays aux Berges du lac (Tunis nord) en présence de l’ambassadeur Gordon Gray.
Un vent de la liberté est parti de la Tunisie
Après avoir rencontré hier des membres du gouvernement, notamment le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, et le ministre des Affaires étrangères, Mouldi Kéfi, et des représentants de la société civile, le diplomate a dit avoir écouté tous ses interlocuteurs tunisiens et examiné avec eux les priorités du pays en matières d’assistance pour l’organisation des élections prochaines et de soutien au développement économique.
«Les Américains souhaitent soutenir la Tunisie autant que possible dans cette période historique, comme ils l’ont déjà fait, il y a un peu plus de cinquante ans, au moment de l’indépendance», a rappelé M. Burns. Et de souhaiter le succès de cette première révolution qui a inspiré les peuples de la région: «La Tunisie ne doit être pilotée que par les Tunisiens, qui ont déclenché ce vent de liberté, de démocratie et de dignité qui souffle sur toute la région. Nul n’oubliera que tout cela a commencé en Tunisie», a-t-il dit. Et de rappeler aussi que «les transitions de ce genre peuvent être parfois difficiles, et il faut établir au plus vite un agenda constructif».
Une délégation d’hommes d’affaires bientôt en Tunisie
Selon l’envoyé de la Maison blanche, les USA, en coopération avec l’Union européenne (UE), sont en train «de proposer une assistance immédiate à l’ensemble des Tunisiens ; ainsi qu’une aide à moyen et long terme dans le domaine économique». Une délégation d’hommes d’affaires se rendra en Tunisie vers la fin du mois prochain, a annoncé l’hôte de Tunis. Et d’enchaîner: «Le moment est historique et il est plein de promesses extraordinaires pour les Tunisiens qui sont en droit de tirer la plus grande fierté de leur révolution.» L’image que M. Burns a de la Tunisie est assez positive et l’avenir de notre pays lui paraît très prometteur. «Nous sommes optimistes des perspectives de la transition et nous allons soutenir la croissance économique. La Tunisie, en tant que modèle pour toute la région, a une opportunité pour réussir sa transition démocratique pacifique», a déclaré M. Burns. Il a enchaîné: «Le pays est connu pour sa tolérance, pour sa main-d’œuvre qualifiée et le peuple est très éduqué. La Tunisie a toujours attiré les investisseurs et les touristes du monde et nous souhaitons investir dans le pays». Les Etats-Unis vont réfléchir au moyen de consolider les emplois, qui est l’une des priorités de la Tunisie, a aussi expliqué M. Burns. Il estime que le secteur privé jouera un rôle majeur pour la modernisation de l’économie tunisienne. «Notre foi en la capacité des Tunisiens à réussir est grande», affirme-t-il.
Pour une issue rapide à la crise en Libye
Interrogé sur la politique de son pays concernant la situation actuelle en Libye, le diplomate a répondu que a position du président Obama est claire à ce sujet: aucun leadership ne sera protégé contre la volonté de son peuple. Des consultations avec des pays européens et dans le monde s’accélèrent pour trouver une issue rapide à la crise dans ce pays, a-t-il ajouté. En ce qui concerne l’exode massif de réfugiés aux frontières tuniso-libyennes, M. Burns a répondu que son pays est préoccupé, car il estime que la situation est grave. «Avant Tunis, j’étais en Egypte. Le gouvernement du Caire, comme celui de Tunis s’inquiète», a-t-il relevé.
Le responsable américain n’a pas omis de souligner une inquiétude récurrente de Washington, celle relative à l’activisme d’Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi) qui constitue toujours, à ses yeux, un danger et suscite des inquiétudes aux USA, en Tunisie et dans les autres pays. «Il faut continuer à combattre l’intégrisme là où il est», a-t-il conclu.
Zohra Abid