Selon certaines sources, les affrontements à l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis, entre les forces de sécurité et des manifestants, ont fait, vendredi et samedi, trois morts et des dizaines de blessés. Près de 200 personnes ont été arrêtées.


Ces affrontements ont commencé lorsque des agents de sécurité ont tenté de disperser des manifestants et les éloigner de l’avenue Bourguiba et des rues mitoyennes.
Selon l’agence Tap, des protestataires ont fait éclater une bonbonne de gaz, aux environs de 17 heures, au niveau de l’hôtel El Hana International. Ce qui a ajouté à la frayeur des citoyens aux alentours de cette zone.
Le poste de police de Sidi El Béchir a aussi été attaqué par un groupe de jeunes assaillants.

Qui manipule les manifestants violents?
La police a utilisé les gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui ont, de leur côté, jeté des pierres brisant les vitres de voitures particulières stationnées dans l’avenue.
Les voitures de police ont parcouru les rues avoisinantes de l’avenue Bourguiba pour disperser les manifestants.
Dans ce climat très tendu, les propriétaires des cafés et des magasins ont été contraints de fermer leurs locaux, alors que les citoyens se sont précipités pour regagner leurs domiciles.
Selon des sources de la société civile, qui ont pris part aux manifestations, des intrus se sont infiltrés parmi les manifestants et ont commencé à jeter des pierres aux agents de police et à saccager les voitures et les biens privés, dans une volonté évidente de nuire à la nature pacifique du mouvement.
Selon ces mêmes sources, ces éléments seraient manipulés par des caciques de l’ancien régime qui cherchent à provoquer le chaos dans le pays, de manière à faire échouer la transition démocratique et à éviter ainsi des enquêtes et des procès où ils devraient rendre compte de leurs abus sous l’ancien régime.

Interdiction de la circulation à l’avenue Bourguiba
Cette situation explosive a amené la direction de la police de la circulation relevant du ministère de l’Intérieur à interdire la circulation des voitures et des piétons, à l’avenue Bourguiba, de la place de la Révolution du 14 janvier (ancienne place d’Afrique) à la place de l’Indépendance, dans les deux directions, à compter d’aujourd’hui à 18 heures  jusqu’à demain à minuit.
Le ministère de l’Intérieur a aussi appelé tous les parents d’élèves et d’étudiants à empêcher leurs enfants de participer à des actes de vandalisme et de troubles et à les amener à rejoindre leurs écoles, leurs universités et leurs foyers, afin de garantir leur sécurité et d’éviter leur utilisation comme bouclier humain par les instigateurs de ces actes.
Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, le ministère appelle «les parents à assumer leur responsabilité nationale en cette conjoncture exceptionnelle et difficile et à ne pas impliquer leurs enfants dans les actes de troubles, en dépit de leurs bonnes intentions».
Cet appel intervient suite aux actes de vandalisme et de violence et aux incendies déclenchés, vendredi après-midi, après l’attaque par un grand nombre de jeunes (élèves et étudiants) du siège du ministère de l’Intérieur et des parkings avoisinants et le saccage de plusieurs bâtiments, établissements et biens publics et privés.

21 blessés parmi les agents de l’ordre
Ces actes de violence, de vandalisme et de destruction survenus durant l’après-midi et la soirée du vendredi, à l’avenue Bourguiba à Tunis, ont fait 21 blessés parmi les agents de l’ordre, indique le ministère de l’Intérieur.
Ces actes ont provoqué l'incendie d'une partie de la Direction sectorielle de la police de secours jouxtant le siège du ministère, et le saccage du poste de la police de circulation de la rue Ibn Khaldoun, ainsi que du poste de police de la rue de Yougoslavie.
Des groupes de protestataires ont, également, assailli le magasin Monoprix,rue Charles de Gaulle, et ont mis le feu à une grande partie de l’établissement, tandis que d’autres ont attaqué et pillé le Magasin Général situé avenue de France. Ils ont, par ailleurs, attaqué le siège de la Recette des Finances de la rue Gandhi, pillé un local relevant de la société de télécommunications Orange, situé à la rue d’Espagne et saccagé plusieurs voitures particulières.
La même source a relevé que «la manifestation organisée, vendredi, devant le siège du ministère de l’Intérieur a été pacifique au début, avant de dégénérer en actes de violence, à partir de 16h30, lorsque des manifestants ont attaqué le siège du ministère, arraché les pavés des trottoirs qu’ils ont jeté sur le bâtiment, brisant les vitres. Ils ont, ensuite, accédé au parking du ministère où ils ont incendié plusieurs voitures des agents de l’ordre, cinq véhicules des unités d’intervention ainsi que des voitures particulières appartenant aux fonctionnaires du ministère».
Par ailleurs, le ministère du Transport et de l’Equipement a démenti, aujourd’hui, des informations rapportées par les médias concernant des rames de métro incendiées lors des manifestations organisées, vendredi, au centre ville de Tunis.
Une responsable de la Société de transport de Tunis (Transtu) a précisé à l’agence Tap, que seules les vitres d’une dizaine de rames de métro ont été brisées lors de ces manifestations. Samedi, les moyens de transport public (métro, bus, train) ont assuré normalement le transport des citoyens dans le grand Tunis.

Source: agences.