Les musulmans «cherchent la science jusqu'en Chine», comme dit leur célèbre adage. Rached Ghannouchi, quant à lui, aime «mentir, jusqu'en Inde».
Par Marwan Chahla
Selon le quotidien indien ''Times of India'', l'Union des étudiants de l'Université islamique d'Aligarh (AMU Students' Union), en Inde, a «fait honneur à une personne qui a servi une très grande cause», en en faisant membre à vie de l'organisation estudiantine, et en accordant au président du parti islamiste Ennahdha l'occasion de pérorer sur «la transition démocratique en Tunisie» et de faire croire à son public que son parti a joué «un rôle crucial» dans le processus tunisien de démocratisation. Ce qui mériterait d'être, pour le moins, nuancé...
Le vrai rôle d'Ennahdha dans la transition tunisienne
Rached Ghannouchi, en terrain conquis, est allé jusqu'à parler des Nahdhaouis «qui ont cédé le pouvoir, que leur a accordé la légitimité électorale», pour sauver le pays. Il a également évoqué «la contribution précieuse» des islamistes à la rédaction de la nouvelle constitution tunisienne, «qui consacre la liberté de croyance, reconnaît l'égalité femme-homme et bannit la violence (...) Alors que d'autres pays du Printemps arabe, comme l'Egypte, la Syrie et le Yémen ont sombré dans le chaos, la Tunisie poursuit le chemin de sa transition démocratique.»
C'est vrai, lorsqu'on est septuagénaire on peut être «amnésique». Mais lorsqu'on est «cheikh» on est tout de même tenu à respecter une certaine rigueur intellectuelle et spirituelle qui ne devrait pas nous autoriser à omettre, dans ses prêches, l'essentiel de l'histoire que l'on raconte à un auditoire – puisse-t-il être étranger et acquis d'avance.
Pour rappel, le gouvernement de la Troïka 2 (coalition dominée par le parti Ennahdha), conduit par Ali Laarayedh, a été contraint et forcé, par la rue, à quitter le pouvoir.
Souvenons-nous des manifestations anti-islamistes quotidiennes, qui ont rythmé la vie des Tunisiens, et surtout des Tunisiennes, au lendemain des assassinats des dirigeants de gauche Chokri Belaïd (6 février 2013) et Mohamed Brahmi (25 juillet 2013), perpétrés par des extrémistes religieux et dont la responsabilité politique est attribuée à Ennahdha!
Rached Ghannouchi raconte ses sornettes aux étudiants de l'Université islamique d'Aligarth, en Inde.
Manipulations, contre-vérités et mensonges
Quant à la «modernité» de la nouvelle constitution tunisienne, notre pays la doit, non pas aux islamistes d'Ennahdha – qui ont voulu imposer un autre texte, rétrograde à souhait, en juin 2013 –, mais à la société civile tunisienne et aux membres de l'Assemblée constituante issus des partis libéraux et de gauche, qui ont su dire «non» à une Loi fondamentale s'inspirant de la charia et contraint les Nahdhaouis à mettre de l'eau dans leur lait de chamelle.
Bien évidemment, ces vérités historiques, essentielles à la compréhension de la transition démocratique tunisienne, le «gourou de Montplaisir» et ses disciples islamistes omettent d'en parler, chaque fois qu'ils le peuvent. Et il est, bien entendu, de notre devoir de leur rafraîchir la mémoire un peu trop oublieuse.
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