Après quelques semaines de bisbilles, la situation semble se calmer au sein du ministère des Affaires étrangères après la nomination d’un nouveau chef de la diplomatie et le rappel des ambassadeurs liés à l’ancien régime.


L’avènement de l’ambassadeur Mouldi Kefi à la tête du ministère des Affaires étrangères a été relativement bien accueilli par les fonctionnaires du département, qui s’étaient opposés à son prédécesseur, Ahmed Ounaies, lui-même issu de la maison, qu’ils ont contraint à démissionner.
Par ailleurs, la décision du ministère de rappeler 26 ambassadeurs et 10 chefs de postes consulaires de Tunisie à l’étranger, tous désignés par l’ancien régime sur une base politique pour ne pas dire clientéliste, a été accueillie avec beaucoup de satisfaction par les diplomates de carrière.

Rappel des ambassadeurs de Ben Ali
Les ambassadeurs rappelés sont Mongi Bedoui (Le Caire), Sadok Korbi (Rabat), Raouf Najjar (Paris), Habib Achour (Rome), Ali Chaouch (Vienne), Mohamed Ridha Kechrid (Madrid), Houria Ferchichi (Belgrade), Haj Glai (Ankara), Lyes Ben Marzouk (New Delhi), Aberrahmen Kraiem (Séoul), Mezri Haddad (Unesco-Paris), Moncef Gouja (Abuja), Alifa Farouk (Berlin), Rafia Baouendi (Berne), Abbes Mohsen (La Haye), Chokri Hermassi (Dakar), Ridha Massoudi (Yamossoukro), Seifeddine Cherif (Brasilia), Kamel Haj Sassi (Prague), Abderrahmane Belhaj Ali (La Valette), Ahmed Mahjoub (Pretoria), Mohamed Samir Abdallah (Beyrouth), Abderrazak Landolsi (Yaounde) et Mahmoud Karoui (Lisbonne). Noureddine Hached (Tokyo) a, pour sa part, démissionné dès le 20 janvier.
Ont également été rappelés les chefs de missions consulaires basés dans les villes suivantes: Paris, Nice, Marseille, Montréal, Djeddah, Tripoli, Benghazi, Tébessa, Bonn, Annaba et Milan.

Réhabiliter le rôle des diplomates
Ces chefs de missions ayant ainsi été rappelés à Tunis, ces postes vont sans doute être repris par des diplomates qui retrouveront, enfin, le droit d'évoluer dans leur carrière après tant d’années de frustration et d'injustice.
Le personnel, qui souffre de lacunes au niveau du statut du corps diplomatique, attend la suite avec beaucoup d’espoir. «La perspective de la résolution de ces problèmes et la levée d'un grand nombre d'injustices ne peut qu'augurer d'une nouvelle aube pour la diplomatie tunisienne qui trouvera, enfin, le milieu et les conditions favorables pour mener a bien sa mission de représenter la Tunisie et de défendre ses intérêts a l’échelle internationale», déclare un cadre du ministère. Il ajoute: «Le rôle de la diplomatie tunisienne est d’autant plus important dans cette conjoncture par laquelle nous passons et qui fait que notre pays a plus que jamais besoin que ses avant-postes travaillent à plein rendement voire même se surpassent pour contribuer à donner à la Tunisie cet élan et cet essor dont elle a tellement besoin aujourd’hui.»
«Il est grand temps que le rôle de nos diplomates soit bien connu et apprécié par l’opinion publique tunisienne à qui on n’a jamais donné une idée claire sur ce qui se passait réellement dans les chancelleries, trop longtemps considérées comme des cocons de luxure occupées par des Talleyrand aux allures arrogantes», ajoute un autre haut fonctionnaire des Affaires étrangères.

I. B.