Le député Abada Kefi Pour le député Abada Kéfi, le retard mis dans l’adoption de la nouvelle loi antiterroriste n’a rien de dramatique, car la justice dispose déjà de la loi de 2003...

Invité, vendredi 17 avril 2015, de l’émission ‘‘Ness Nessma News’’, Me Abada Kéfi, président de la Commission de la législation générale à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), ne comprend pas que l’on puisse s’agiter autant face au retard pris par la nouvelle loi antiterroriste.

Selon lui, il n’y a aucun vide légal ou juridique, sur cette question, et l’Etat est équipé comme il se doit pour mener à bien sa lutte contre le terrorisme: ses différents appareils ont à leur disposition tous les instruments nécessaires à cette guerre.

La police n’a jamais cessé de faire, en toute légalité, ses interventions contre les personnes soupçonnées d’activité terroriste, de les arrêter, de les interroger en respectant leurs droits, de les traduire en justice et, une fois leur culpabilité prouvée, la justice les condamne et son verdict est mis à exécution.

Ainsi, pour le président de la Commission de la législation générale de l’ARP, la loi antiterroriste de 2003 a servi, continue de servir encore, et il n’y a pas de raison de s’impatienter outre mesure.

«La loi de 2003 et le projet de loi qui nous a été remis il y a une quinzaine de jours et sur lequel nous planchons à présent sont en plusieurs points similaires. Pour nous, il s’agira d’une simple opération de ‘‘toilettage’’ – comme la pose de fond de teint à laquelle nous nous sommes soumis avant notre passage sur les plateaux pour cette émission. Il y a eu quelques rajouts importants: par exemple, l’opération de l’infiltration (des groupes terroristes, Ndlr) par les agents de la police, l’installation de micros mouchards, de caméras pour surveiller les personnes suspectes dans leurs voitures ou domiciles, etc., tout cela sera mieux réglementée et sera fait en bonne et due forme», a indiqué Me Kéfi.

«Et pour votre information, l’on a inclus dans la nouvelle loi antiterroriste 17 cas de condamnation à mort, qu’il faudra bien passer en revue. Ainsi, il est clair que les clameurs de la rue que suscite cette nouvelle loi antiterroriste n’a aucune justification. La loi de 2003 est effective, elle n’a jamais cessé d’être appliquée. Le ministre nous a rapporté, aujourd’hui, qu’elle a permis de mener plus de 1000 interventions, que les personnes soupçonnées ont été interrogées et traduites devant la justice, et 3 d’entre elles ont été condamnées… Il n’y a donc pas péril en la demeure. Vous voulez qu’on vous serve ‘‘un beignet dans une assiette’’ (qu’on bâcle cette nouvelle loi, Ndlr). Non, ce que nous souhaitons, c’est rédiger une loi qui soit digne de la Tunisie. Nous ne voulons pas commettre les mêmes fautes que les terroristes. C’est ce qui nous sépare des terroristes: eux, ils ne croient pas aux droits de l’Homme, au droit à la vie, en la liberté d’opinion et la liberté de croyance. Nous ne souhaitons pas tomber dans ce piège-là et faire les mêmes erreurs qu’eux», a-t-il ajouté.

Le député Abada Kéfi devrait savoir, aussi, que «toilettage» ou pas, que «beignet» ou pas, le temps presse et que si les deux lois, celle de 2003 et la nouvelle, se ressemblent, que nos députés en finissent au plus vite.

Les compléments, les détails et subtilités, qui visent essentiellement à garantir les droits de l’Homme et à faire que la nouvelle loi, qui doit réprimer l’activité terroriste, ne soit liberticide, tout cela ne devrait pas prendre beaucoup plus de temps. Que l’ARP passe à autre chose, aux nombreux autres dossiers qui ne peuvent plus attendre.

Marwan Chahla

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