En recevant, vendredi 17 avril 2015, le dirigeant islamiste libyen, Khalifa Mohamed Gouil, le président de la république Béji Caïd Essebsi a fait grincer quelques dents.
Khalifa Mohamed Gouil n’est pas, il est vrai, un dirigeant comme un autre. Et pour cause : il est le chef du gouvernement désigné de salut national, basé à Tripoli et constitué par les milices islamistes de Fajr Libya. Or, on le sait, le gouvernement légal, reconnu par la communauté internationale, car élu au suffrage universel, est celui basé à Tobrouk et dirigé par le Premier ministre Abdallah Al-Thani. Cependant, M. Caïd Essebsi, qui avait reçu ce dernier, le 31 mars dernier, au palais de Carthage, pouvait-il refuser de recevoir celui qui représente l’autre camp en conflit en Libye, et qui contrôle la partie ouest de ce pays, frontalière avec la Tunisie? Selon le communiqué officiel de la présidence de la république, M. Gouil, qui conduisait une délégation officielle, a informé le chef de l'Etat du déroulement du processus politique engagé dans son pays, sous l'égide du représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye. Il lui a, également, fait un état des lieux de la situation sécuritaire sur les frontières entre la Libye et la Tunisie, ainsi que des conditions de séjour de la communauté tunisienne en Libye. M. Caïd Essebsi, qui toujours défendu l’idée que la solution du conflit en Libye réside dans le dialogue et la réconciliation entre toutes les parties, «dans le respect de l’unité de la Libye et de la sécurité de son territoire», et qui souhaite voir la sécurité et la stabilité rétablies à la frontière de la Tunisie, est donc dans l’obligation d’écouter les positions des parties en conflit en Libye. En recevant M. Gouil, il n’a donc fait que respecter la position de la Tunisie et les règles de sa diplomatie. Rappelons que M. Al-Thani avait pris part à la marche contre le terrorisme, organisée le 29 mars 2015, au Bardo. I. B. |
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