Depuis la démission du Premier ministre Mohamed Ghannouchi, dimanche, les départs se succèdent du gouvernement provisoire, présidée depuis hier par Béji Caïd Essebsi.  


En effet, après la démission, hier, d’Afif Chelbi, ministre de l’Industrie et de la Technologie, et de Mohamed Nouri Jouini, ministre de la Planification et de la Coopération internationale, qui n’ont pas donné de raisons, quatre nouveaux départs ont été enregistrés aujourd’hui. Après les figures de proue de l’opposition à Ben Ali, Ahmed Nejib Chebbi, ministre du Développement régional et local, et Ahmed Ibrahim, ministres de l’Enseignement supérieur, deux autres membres du gouvernement ont jeté l’éponge. Il s’agit du ministre auprès du Premier ministre chargé des Réformes économiques et sociales et de la Coordination avec les ministères concernés, Ilyes Jouini, et la secrétaire d’Etat chargée de l’Enseignement supérieur, Faouzia Farida Charfi, qui a invoqué des «raisons personnelles».

Prise de pouvoir de l’armée?
M. Chebbi, chef charismatique du Parti progressiste démocratique (Pdp), a motivé sa décision par la volonté du nouveau Premier ministre de surseoir à la préparation de l’élection présidentielle et de s’employer à l’élection d’une assemblée constituante, une des principales revendications des manifestants. Il a aussi agité la menace d’une confiscation de la révolution tunisienne et de la prise de pouvoir de l’armée.
«M. Caïd Essebsi, que j’ai rencontré ce matin, m’a informé qu’il allait se plier totalement aux revendications des adversaires du gouvernement», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Tunis. «Il était par ailleurs demandé aux membres du gouvernement de s’engager à ne pas se porter à l’élection présidentielle à venir», a critiqué M. Chebbi, qui est donné favori pour la course à la magistrature suprême, selon le premier sondage politique réalisé en Tunisie par l’institut spécialisé Sigma Conseil.
Le chef du Pdp a accusé des parties qu’il n’a pas nommées «de préparer, consciemment ou inconsciemment, la voie à l’échec de la révolution tunisienne qui va conduire à un coup d’Etat et à la dictature militaire».

Agir en dehors du gouvernement
De son côté, Ahmed Brahim, chef du mouvement d’opposition Ettajdid (Le Renouveau), a motivé sa décision par «les récents développements survenus sur la scène politique dans le pays», selon sa lettre de démission adressée au Premier ministre et citée par la Tap.
M. Brahim, qui se présentait comme le seul «vrai candidat de l’opposition» face au président déchu Zine El Abidine Ben Ali lors de l’élection de 2009, se déclare «convaincu que sa contribution personnelle ainsi que celle de son mouvement à la réalisation des objectifs de la révolution et des aspirations du peuple tunisien, de sa jeunesse ainsi que de ses élites sera plus agissante et plus efficace en dehors du gouvernement».
Il s’est engagé à militer «de manière résolue et responsable en vue de réaliser la transition vers un régime démocratique qui concrétise la souveraineté du peuple, loin de toute tutelle quelle que soit son origine».

Source : agences.