Pour cette renaissance, Ennahdha a changé de dénomination. Il a, en réalité, repris celui de sa première naissance: Mouvement de la tendance islamique (Mti).
Un congrès dans trois ou quatre mois
Dans un entretien à l’Associated Press, le responsable de la communication du mouvement, le journaliste Abdallah Zouari, ancien rédacteur en chef de son organe ‘‘Al Fajr’’ (L'Aurore), s’est félicité de ce «pas franchi à la faveur de la révolution tunisienne, après 30 ans de privation sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali» et un mois jour pour jour après le dépôt de la demande de légalisation. «Désormais, nous allons pouvoir œuvrer publiquement et de manière légale au service de notre pays, dans une saine émulation avec les autres partis», a-t-il ajouté.
Le mouvement islamiste va s'atteler dès à présent à préparer son congrès national, qui devrait se tenir dans les trois ou quatre mois à venir. Il s’agira d’élire un nouveau président, Cheikh Rached Ghannouchi, son chef historique, ayant déclaré qu’il n’envisageait pas de briguer un nouveau mandat, et de renouveler les instances du mouvement, dont le bureau exécutif l’actuel et le conseil national.
Ces assises constitueront une étape préparatoire aux prochaines élections prévues en Tunisie afin de mettre en place une Assemblée constituante chargée d’élaborer une nouvelle Loi fondamentale, a précisé M. Zouari.
En ce qui concerne une éventuelle candidature d’Ennahdha à la présidentielle qui suivra, le mouvement «définira sa position en fonction du paysage politique qui sera tracé par l’Assemblée constituante et la Constitution attendue», a-t-il dit.
La traversée du désert
Baptisé initialement Mouvement de la tendance islamique (Mti), Ennahdha avait dû changer de nom par la suite, le régime Ben Ali arguant qu’aucun parti ne pouvait s’arroger le droit de parler au nom de l’islam qui, selon la Constitution, est la religion de tous les Tunisiens.
Une sévère répression s’est abattue sur le mouvement après les élections législatives de 1989 qui ont vu ses candidats remporter environ 17% des suffrages. En 1990, Ennahdha a été dissout et des milliers des dirigeants et militants ont été condamnés à de lourdes peines pour avoir «tenté de changer la nature du régime par la force», selon l’acte d'accusation.
La plupart de ses dirigeants ont été poussés à l’exil et ne sont rentrés au pays qu’après la chute du régime Ben Ali le 14 janvier dernier.
Lors de son retour à Tunis après un exil de 23 ans en Angleterre, le président d’Ennahdha, Cheikh Rached Ghannouchi, a reçu un accueil triomphal de plus de 20.000 de ses partisans à l’aéroport de Tunis-Carthage.