Le moment est historique pour la Tunisie, pour le monde arabe et pour le monde entier. Et l’Espagne est prête pour accompagner tout processus démocratique.
C’est ce qu’a expliqué hier à la résidence de l’ambassadeur d’Espagne à Gammarth, Jose Luis Rodriguez Zapatero, chef du gouvernement espagnol, en visite en Tunisie, après une tournée dans les pays du Golfe.
«Il y a eu en Tunisie un grand changement pacifique. C’est le fruit d’une conquête. Les Tunisiens sont des gens éduqués et tournés vers l’Europe. Chaque pays fait son histoire à sa manière et nous sommes ici pour aider la Tunisie pour qu’elle soit un pays libre et pluriel. C’est notre engagement. L’Espagne est donc prête à aider la Tunisie dans cette transition et c’est avec la plus ferme détermination. C’est ce que j’ai expliqué aujourd’hui au gouvernement tunisien et que j’expliquerai à la société civile», a dit M. Zapatero.
Le vent de la liberté a commencé en Tunisie
Comme tous les pays européens, l’Espagne a consacré 300 millions d’euros pour aider la Tunisie et selon le chef du gouvernement, va encore se mobiliser pour que les échanges commerciaux reprennent et que les investissements en Tunisie se multiplient. «Ce vent de démocratie a commencé en Tunisie, a atteint l’Egypte et maintenant une bonne partie de Libye. Il va continuer à souffler et atteindra l’Algérie et le Maroc. Le rôle de l’Espagne et de l’Union européenne (UE), c’est d’être présents là où il y a une transition vers la liberté et la démocratie», ajouté M. Zapatero.
Pourquoi l’UE a-t-elle tardé à manifester son appui à la révolution tunisienne? Réponse du chef du gouvernement espagnol: «Retard ou pas, on laisse les historiens en décider. L’essentiel aujourd’hui est d’être à la hauteur des circonstances. Ce sentiment, croyez-moi, vient du cœur. Nous souhaitons coopérer avec les jeunes générations et compter sur la mondialisation économique et politique. L’Espagne, comme les autres pays européens, a toujours mis l’accent sur la coopération avec le sud de la Méditerranée. Ce qui s’est passé en Tunisie, pourrait changer la carte de nos relations, des échanges et des forces dans les années à venir. Aujourd’hui, il y a effervescence. Plusieurs voix s’expriment et tout le monde ne veut pas être exclu. Mais après cette effervescence démocratique, il y aura des citoyens et des urnes. Il en ressortira le parti le plus fort, puis le leadership le plus fort».
La religion c’est une affaire privée
Pour M. Zapatero, la constitution en Tunisie sera rédigée par les Tunisiens. Le pays est très avancé grâce à son code de la famille et ne peut régresser dans ce domaine. «Lorsqu’un pays ne pratique plus de discrimination entre les hommes et les femmes, il sera une démocratie plus forte et nous faisons confiance aux Tunisiens». Evoquant la religion, M. Zapatero a dit: «Mon opinion est claire. La religion doit être une affaire privé». Interrogé sur une éventuelle intervention militaire en Libye, l’hôte de la Tunisie a dit que l’UE respecte la chartre des Nations Unies et ne peut intervenir dans un Etat souverain. Mais en ce qui concerne les réfugiés au sud tunisien, le chef du gouvernement espagnol a précisé que l’Espagne est le premier pays à avoir envoyé un avion avec 30 tonnes d’aides alimentaires. Un deuxième avion avec d’autres aides alimentaires arrivera bientôt et aidera à rapatrier des personnes vers leur destination. «Nous sommes en train de coordonner avec le ministère tunisien des Affaires étrangères pour rapatrier d’autres personnes en bateaux», a précisé M. Zapatero.
Zohra Abid