Selon Mehdi Ben Ayed, chef d’entreprise, le 3 mars, un tournant de l’Histoire a été pris avec le discours du président provisoire.


Oui, le pays a un besoin vital de se remettre au travail et d’arrêter ces sempiternelles manifestations.
Oui, le Tunisien souffre d’un déficit dramatique de sécurité
Oui, l’hydre du chaos et d’une prise de contrôle par l’armée plane sérieusement  sur nos têtes.
Oui, nous avons tous besoin de nous unir derrière le gouvernement de transition et l’aider à remettre le pays sur ces pieds.
Oui, à ce rythme nous courrons vers la faillite économique nationale. Les Tunisiens et Tunisiennes sont tous unanimes sur ces points y compris les manifestants de la Kasbah!

Ecarter tout risque d’échec de la révolution
Contrairement à ce que vous pouvez croire, les manifestants de la Kasbah ont les mêmes objectifs et les mêmes aspirations que nous tous: vivre en sécurité dans un pays démocratique et écarter tout risque d’échec de la révolution. Et ils ne sont manipulés par personne ni par l’Ugtt ni par Ennahdha. Mais alors, pourquoi n’arrêtent-ils pas leur sit-in, direz-vous?
Avant de répondre à cette question, sachez pour votre gouverne que tout processus révolutionnaire passe par deux premières étapes: la destitution du dictateur et la mise en place d’une assemblée constituante élue au suffrage universel
Or, et c’est pour cela que le sit-in de la Kasbah continue. Depuis le 14 janvier,  nous sommes au point mort: le président de la république et le gouvernement provisoires nous mènent en bateau.
Ils nous parlent de tout sauf d’élection mais cumulent les forfaitures (involontaires ?): nominations scandaleuses de ministres et gouverneurs Rcdsites, farce du «trésor» de Ben Ali baba, incapacité de nous dire si oui ou non le dictateur est mort, statut-quo sur la dissolution des deux chambres, silence sur le sort des mafieux arrêtés, création de deux commissions (sur la corruption et sur les exactions) qui ne font que noyer le poisson, etc.

Eviter un scenario à la 1987
Le gouvernement provisoire n’a plus aucune crédibilité et il est clair que les forces obscures ont réussi, pour l’instant, à le tirer en arrière. C’est un scenario à la 1987 qui se déroule: vent éphémère de liberté qui mène à l’élection d’un nouveau dictateur
Alors je vous pose la question suivante en votre âme et conscience: devons-nous baisser les bras et accepter que l’on nous vole notre révolution et redémarrer l’économie dans une perspective de dictature?
Certes répondre oui est tentant, car nous avons tous des intérêts et des acquis à perdre. Notre premier reflexe et de vouloir penser que la révolution est terminée et qu’il faut reprendre le travail et laisser le gouvernement agir.
Et bien non!
Au lieu de penser à ce que vous allez perdre pensez à ce que vous allez gagner
Au lieu de penser chaos et insécurité pensez à l’avenir prospère qui s’ouvre à nous.
Faites que vos enfants soient fiers de vous plus tard.
Alors de grâce ne vous trompez pas de cibles et d’objectifs et soyez à la hauteur de l’événement historique que vit la Tunisie. Le plus gros est fait: le 3 mars, un tournant de l’Histoire a été pris avec le discours du président provisoire.
N’ayez crainte, notre économie peut encore souffrir quelque temps mais nous devons tous être unis pour la mise en place d’une assemblée constituante tel est notre destin tel est notre devoir.