Dhafer Charrad* estime dans cet article que le sit-in de la Kasbah a donné ses fruits et qu’il doit s’achever en apothéose par une rencontre avec celui de la Kobba.

Selon Wikipédia, le sit-in est un mode d’intervention directe qui consiste à s’asseoir sur la voie publique et à rester le plus longtemps possible sur les lieux, avec pour objectif d’interpeller l’opinion et les pouvoirs publics.

Les politiques prendront le relais
Le sit-in permet une occupation du terrain, offre un lieu facile à photographier et à filmer et est difficile à nettoyer par les forces de l’ordre.
Celui de la Kasbah, a réalisé tout ces objectifs et même plus.
Il est déjà, je pense, le plus long du monde et une demande d’inscription au Guinness book est tout à fait légitime et acceptable. Il a interpellé non seulement l’opinion nationale mais aussi internationale.
Il n’a pas simplement interpellé les pouvoirs publics, mais il a déjà eu gain de cause pour une bonne partie de ses revendications, le reste est à l’étude et/ou en cours de réalisation: les vraies forces politiques prendront le relais et y veilleront.   
Il a été filmé et photographié quotidiennement par tous les médias nationaux et internationaux.
Compte tenu de tout cela, je ne vois pas de raison pour que ce sit-in continue plus longtemps, car tant que ça sera le cas, le pays restera paralysé et ne pourra pas reprendre une activité normale devenue une extrême urgence. Je suis sûr que ce n’est pas l’objectif des manifestants responsables de la Kasbah.
Ce sit-in entraîne pour le pays une situation anormale et instable qui empêche ceux qui travaillent de travailler et les élèves, lycéens, collégiens et étudiants d’étudier.
Poursuivre plus longtemps ce sit-in maintiendrait une situation chaotique et irrécupérable qui n’est propice et profitable qu’aux casseurs, braqueurs et qu’à ceux qui veulent nuire.
Ceux qui sont empêchés de travailler ont plusieurs bouches à nourrir et risquent de perdre définitivement leurs emplois et sources de revenus.
Par ailleurs, parmi les lycéens d’aujourd’hui, figure sûrement le président qui va demain servir loyalement le pays, les parlementaires qui vont demain défendre les intérêts du peuple, les ministres qui vont demain développer le pays et les hommes d’affaires et entrepreneurs qui vont demain faire travailler nos enfants et contribuer à notre essor économique.
Le monde entier est admiratif pour le sit-in de la Kasbah comme il l’a été pour notre belle révolution, pour notre générosité et notre élan de solidarité et d’aide en faveur de nos voisins fuyant la répression en Libye, malgré nos propres soucis et notre situation difficile.
Pour rester les éternels donneurs d’exemples au monde entier et pour donner la preuve de notre civisme, patriotisme et sens des responsabilités, finissons et achevons en beauté ce beau sit-in, nettoyons ensemble la place de la Kasbah et libérons-la pour que la vie reprenne son cours normal.

Pour une rencontre entre la Kasbah et la Kobba
Pour finir en apothéose, rejoignons pour quelques heures seulement, en entonnant l’hymne national et avec des slogans appelant à la solidarité de tout le peuple, les manifestants de la Kobba, dont la seule revendication est que le pays se remette en marche et en action.
Coupons l’herbe sous les pieds de ceux qui veulent le chaos et qui commencent à pointer le bout de leur sale nez en cherchant à diviser le peuple, en opposant les citoyens de la Kasbah à ceux de la Kobba, qui au final ont tous le même objectif patriotique et sacré: le bien pour le pays.  
Enfin, après de belles et chaudes accolades, dispersons-nous sur l’ensemble de notre petit et cher pays et commençons:
- à travailler plus durement et consciencieusement qu’avant;
- à chercher un travail avec plus d’opiniâtreté et de persévérance qu’avant à faire plus d’efforts pour le plein emploi qu’avant;
Toutefois, il ne faut pas se leurrer, il n’y a pas de solution miracle et instantanée à tous nos problèmes, ça prendra quelques années, mais je suis sûr que notre pays peut devenir un petit paradis.

* Diplômé en sciences économiques et planification.