Malgré sa discrétion, Belhassen Trabelsi, qui est à Montréal depuis le 20 janvier, fait encore parler lui dans la communauté tunisienne et dans les médias locaux. Sarra Guerchani, correspondante à Montréal.
En effet, la présence du beau frère de Zine El Abidine Ben Ali menace aujourd’hui la sécurité publique de la métropole. Trois des enfants Trabelsi vont à l’école privée Study, dans un des quartiers riche de Montréal, Westmount, où se trouve la propriété de Sakher El Matri, le gendre Ben Ali.
Gardes-du-corps, avocats et business
Tous les matins un garde-du-corps les accompagne dans cet établissement chic du quartier fréquenté par des enfants de diplomate. Le 25 février, l’école aurait reçu de graves menaces en rapport avec la présence des enfants Trabelsi.
Toutes les personnes fréquentant cet établissement pourraient devenir la cible des personnes opposantes de l’ancien régime de Ben Ali et qui souhaiteraient régler des comptes avec Belhassen Trabelsi. C’est ainsi que les gens à proximité de cette école sont potentiellement en danger.
Un mandat d’arrêt international pèse sur Belhassen Trabelsi. Pourtant, rien ne l’empêche de continuer à faire des affaires à Montréal. Selon la chaine de télévision québécoise TVA, ce dernier aurait été vu à plusieurs reprises entrer dans le bureau d’avocats dans le bâtiment Westmount Square. Des Tunisiens partisans de l’ex-régime, ainsi que de riches hommes d’affaire de la communauté libanaise de Montréal, seraient en train de l’aider pour assurer sa sécurité à Montréal, et même poursuivre ses affaires.
Plusieurs mouvements d’argent auraient été observés sur les comptes de Belhassen Trabelsi au Canada. Le Premier ministre du Canada, Steven Harper, commence à avoir un problème. Plusieurs opérations financières auraient été faites sur le compte du beau frère de Ben Ali. La fortune des Trabelsi au Canada est évaluée entre 10 millions et 20 millions de dollars, sans compter les comptes bancaires qu’ils détiennent à Dubaï, à Malte, en France et en Suisse.
Ottawa était en mesure de geler les avoirs de Mouammar Kadhafi mais pas ceux de Belhassen Trabelsi. Le gouvernement canadien explique qu’il est toujours dans l’attente des documents officiels de la part du gouvernement tunisien pour geler les avoir du frère de Leila Ben Ali.
Ottawa gèle les avoirs de Kadhafi, pas ceux des Ben Ali
Néanmoins, le député du bloc québécois Gill Duceppe n’a pas manqué de reprocher au gouvernement Harper son manque d’intérêt pour cette affaire, devant l’assemblé parlementaire du 2 mars dernier. Il a déclaré en comparant le cas de la Libye avec celui de la Tunisie: «Je ne crois pas que Kadhafi a envoyé des documents au gouvernement canadien pour que ses avoirs soient saisis. Puis il a poursuivi sa réflexion avec un questionnement: ‘‘Pourquoi on gèle les avoirs de la Libye très rapidement et dans le cadre de la Tunisie on [les Canadiens] se fait complice de l’ex-dictateur tunisien?». Le député finira par faire remarquer que le clan Ben Ali va prendre le temps de faire en sorte d’envoyer tout son argent dans des paradis fiscaux.
La réponse se trouve du côté des Nations Unis. L’organisation a demandé le gel des avoirs du colonel Kadhafi, c’est ce qui a permis au Canada d’agir rapidement face à la situation de crise en Libye. En effet, l’Onu n’aurait jamais demandé le gel des avoirs du clan Ben Ali. En tant que pays de droit, le Canada n’a rien pu faire.