Ce jugement intervient après qu’un groupe d’avocats ait déposé une plainte, le 28 février 2011, appelant à la cessation d’activité de ladite Commission.
Commentaire du professeur Abdelfattah Amor, président de la Commission, qui a annoncé ce jugement que la commission, a reçu, samedi, dans une déclaration par téléphone à l’agence Tap: «Cette commission a été constituée en vertu du décret-loi du 18 février 2011 et agit dans le cadre de l’Etat tunisien qui est en droit d’agir comme il lui convient». Et d’ajouter: «Je me contente de poser deux questions au peuple tunisien: à qui profite tout cela? Et est-ce que l’ancien président aurait mandaté quelqu’un pour le remplacer?»
Cette décision, dont on ne comprend pas tous les motifs, renvoie donc aux juges l’instruction des dossiers sur la corruption. On ne peut que s’en féliciter. On espère cependant que ces derniers se montreront suffisamment rigoureux et, surtout, énergiques pour avancer rapidement, car le public s’impatiente de voir certaines figures emblématiques de la corruption sous l’ancien régime enfin jugés par les tribunaux.
Les Tunisiens ne comprennent pas qu’en Egypte, où l’ancien pouvoir est tombé plusieurs semaines après celui de la Tunisie, l’ancien ministre de l’Intérieur Habib El-Adly ait pu comparaître, aujourd’hui, en justice, accusé d’abus de pouvoir et blanchiment d’argent, alors qu’en Tunisie les anciennes figures du régime tardent à comparaître devant les tribunaux.
Récemment, Me Olivier Metzner, avocat d’Imed Trabelsi, a affirmé que le dossier d’accusation instruit par le parquet tunisien ne contient pas de preuves accablantes contre son client. Ce qui laisse pour le moins perplexe.
Quoi qu'il en soit, M. Amor a assuré, dans une interview à Al-Jazira, samedi soir, que la Commission continuera son travail et a appelé les citoyens ayant des dossiers relatifs à la corruption de l'ancien régime de les déposer auprès de ses équipes.
Interrogé, samedi soir, par la même chaîne, le Premier ministre Béji Caïd Essebsi a affirmé, pour sa part, que le décret-loi instituant officiellement la Commission a été publié le 18 février, soit soit 10 jours avant la déposition de la plainte par les avocats plaignants. Le juge, qui n'a pas trouvé ce texte dans le dossier, a donc annoncé son verdict, pour ainsi dire, en méconnaissance de cause.
Voilà qui est clair. La Commission pourra donc continuer son travail en toute légalité.
R. K.