Le président de la république Béji Caïd Essebsi a reçu, dans la soirée du lundi 18 mai 2015, Rached Ghannouchi, le président du parti Ennahdha. Ce n’est pas un hasard...
Dans un communiqué publié aujourd’hui, le parti islamiste indique que cet entretien s’est tenu au Palais de Carthage et qu’il a porté sur les derniers développements de la situation dans le pays, notamment la montée des mouvements sociaux, et particulièrement ceux relatifs aux mines de phosphates à Gafsa et aux champs pétroliers d’El-Faouar, gouvernorat de Kebili (sud-ouest). Le communique ajoute que les deux parties ont discuté aussi de l’évolution de la situation sur les plans régional et international, notamment en Libye après l’enlèvement de quelque 170 travailleurs tunisiens à Tripoli, en plus de la situation en Egypte après la condamnation à mort de l’ancien président Mohamed Morsi. Sur ce dernier point, on le sait, il y a une divergence profonde entre les deux hommes : Béji Caïd Essebsi, en homme d’Etat, respecte la doctrine diplomatique tunisienne qui rejette toute ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats. De son côté, Rached Ghannouchi, qui est membre du mouvement mondial des Frères musulmans, est opposé au régime en place en Egypte et appelle à la libération des dirigeants islamistes emprisonnés dans ce pays. Sur un autre plan, on remarquera que cet entretien a eu lieu la veille du départ du président de la république pour une visite officielle aux Etats-Unis, les 20 et 21 mai, à l’invitation du président Barack Obama. Est-ce une manière pour montrer aux Américains la solidité de la coalition gouvernementale actuelle, où islamistes et libéraux laïcs mettent la main dans main pour essayer de sortir le pays de la crise où il est confiné depuis la chute de la dictature en 2011? On est tenté de le penser, sachant la position des Etats-Unis à ce sujet, qui pousse vers une démocratie consensuelle dans le monde arabe où islamistes et laïcs puissent coexister, la Tunisie offrant, à cet égard, à la fois, un laboratoire et une vitrine. I. B. |
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