Plusieurs responsables d’agences de communication françaises font le pied de grue dans les coulisses du gouvernement de transition dans l’espoir de remporter le pactole de la communication post-Ben Ali. Va-t-on nous refaire le coup d’une Atce bis?


Avant le 14 janvier 2011, les choses étaient très simples: il suffisait d’avoir le bon contact, en l’occurrence le conseiller politique de Ben Ali, Abdelwaheb Abdallah, pour que les portes des agences publiques ayant des budgets destinés à la communication institutionnelle vous soient ouvertes. On pense, bien sûr, à l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce), dont on ne sait pas ce que le gouvernement de transition compte faire, ou encore l’Office national du tourisme tunisien (Ontt).

La communication institutionnelle est-elle libérée?
Aujourd’hui, les choses sont beaucoup moins compliquées. Quand on sait qu’une petite agence française, Bygmalion, a pu réaliser, en France, la campagne ‘‘I Love Tunisia’’ sur Internet pour le compte du ministère du Commerce et du Tourisme, et que cela a été décidé et réalisé, en deux temps trois mouvements par le département concerné, on peut penser que la communication institutionnelle est déjà «libérée» et qu’il y a désormais de la place pour tout le monde, et pas seulement, comme auparavant, pour deux copains et trois coquins.
Il s’agit de la campagne ‘‘I Love Tunisia’’, facturée à environ 10.000 euros (19.000 dinars tunisiens), selon le montant avancé par ‘‘Maghreb Confidentiel’’, et à seulement 1.000 dinars (environs 500 dinars), selon Mehdi Houas, le ministre du Commerce et du Tourisme, qui parlait sur les ondes de Mosaïque FM. Cette campagne n’a pas manqué de susciter des critiques (et des inquiétudes) parmi les opérateurs du secteur en Tunisie, qui se voient ainsi «oubliés» par la nouvelle direction du pays.

Le message de la «Tunisie nouvelle» à l’extérieur
Va-t-on reprendre les mêmes et recommencer?, se demandent les patrons d’agences tunisiennes. Leur crainte, sans être totalement fondée, est tout de même justifiée. Et pour cause: les patrons d’agences de communication françaises s’impatientent de reprendre pied à Tunis et proposer leur art du lobbying pour relayer le message de la «Tunisie nouvelle» à l’étranger, et notamment en France.
«Ils défilent, depuis quelques jours, en rangs serrés à Tunis», note ‘‘Maghreb Confidentiel’’. La lettre confidentielle cite, à ce sujet, les noms de Richard Attias, le patron de The Experience et époux de Cecilia (ex-Mme Sarkozy), qui «tenterait de se positionner pour organiser la première grand-messe diplomatique de l’après-Ben Ali: la Conférence de Carthage qui réunira, en mars ou avril, les principaux pays partenaires de Tunis». Elle cite aussi Patricia Balme (PBCom International), conseillère d’Alassane Ouattara et de Paul Biya, et l’agence Vae Solis, fondée par Arnaud Dupui-Castérès, dont le directeur précise pourtant à Kapitalis, "n'être candidat à rien".

Des «vendeurs de vent attitrés»
Au rythme où vont les choses, et avec de hauts responsables aussi «provisoires» les uns que les autres, il est à craindre que le détestable système qui a permis aux maîtres de la communication de Ben Ali de dilapider l’argent public en louant les services, inutiles et inefficaces, de quelques «vendeurs de vent attitrés» ne se remettent en place sous une forme ou une autre. Donc, vigilance…

R. K.