Au moment où l’espoir revient dans le pays, l’auto-immolation par le feu d’un jeune de 18 ans à Gabès suscite tristesse et perplexité. Car même si les motifs ne sont pas connus, le geste interpelle notre conscience.


 

Selon l’agence Tap, qui a diffusé l’information aujourd’hui, un jeune Tunisien de 18 ans, Tarek Ben Chauk, s’est immolé par le feu dans la nuit de mardi à mercredi dans la ville côtière de Gabes (littoral sud-est) et a été hospitalisé. Le jeune homme, dont on ne précise pas les motivations, s’est immolé non loin du siège du gouvernorat de la ville. Précision inutile? Peut-être.

Révolution et désespérance
Un médecin de l’hôpital Mohamed Bouazizi de Ben Arous a confirmé que le jeune homme a été admis dans ses services, sans donner de précisions sur son état.
On se souvient que l’immolation d’un vendeur ambulant tunisien de 26 ans, Mohamed Bouazizi, le 17 décembre dernier, avait marqué le début du soulèvement qui a conduit à la chute et la fuite de l’ex-président le 14 janvier.
La révolution, qui a redonné tant d’espoir aux Tunisiens, est censée mettre fin à ce genre d’actes désespérés, comme aux flux de migrants clandestins tunisiens en direction de l’Europe. Or, près de 8.000 harragas ont débarqué dans l’île italienne de Lampedusa au cours des cinq dernières semaines. Ceux qui espéraient des résultats immédiats semblent douloureusement revenir de leurs chimères.

Désespérances et baguette magique
«Nous n’avons pas de baquette magique », disait l’ex-Premier ministre Mohamed Ghannouchi. Son successeur, Béji Caïd Essebsi, ne pourrait pas dire le contraire. S’il a remporté le premier examen de passage, qui lui a permis de regagner la confiance des Tunisiens et de faire taire (momentanément) les suspicions, il lui reste à s’attaquer aux vrais problèmes du pays: le chômage, la pauvreté, les inégalités régionales… Et là, il ne suffit plus de bien communiquer: il faut lancer des programmes d’urgence et afficher des résultats tangibles.
Ce ne sera pas, on l’imagine, une sinécure…

R. K.