La phase transitoire par laquelle passe actuellement le pays n’est pas facile à négocier. Les forces contre-révolutionnaires sont toujours là, prêtes à toutes les manœuvres pour faire capoter le projet de changement à l’œuvre dans le pays. Les affidés de l’ancien régime n’ont pas lâché le morceau, et ils ne le lâcheront pas facilement. Ils continueront d’œuvrer pour faire capoter le projet de renouveau.
Un processus encore fragile
Le jeu des alliances et des contre-alliances – les plus diaboliques n’étant pas à écarter –, en prévision de l’élection le l’Assemblée constituante, le 24 juillet, ne manqueront de brouiller davantage les cartes. Aussi, les Tunisiens devront-ils rester vigilants et solidaires pour empêcher les forces du passé de confisquer leur avenir.
C’est dans ce contexte qu’a été organisé, hier, à Tunis, un séminaire sur la transition démocratique en Tunisie, auquel ont été conviées toutes les composantes de la société civile tunisienne, notamment celle qui fut longtemps muselée et réprimée par l’ancien régime. Les débats ont porté sur les conditions, les moyens et les garanties pour une transition démocratique réussie.
«Au delà du processus de transition, toujours fragile, une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie est en train de s’écrire», a souligné la présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh), dans son allocution d’ouverture des travaux d’un séminaire sur la transition démocratique en Tunisie organisé en collaboration avec le réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (Remdh).
Eviter les dérapages et l’instrumentalisation
«Nous devons préserver la révolution de toute forme de dérapage et d’instrumentalisation», a insisté le Premier ministre du gouvernement provisoire Beji Caid Essebsi, évoquant «les lignes rouges» qu’il serait «intolérable» de dépasser, dit-il. Il s’agit, en particulier, de la notion de l’Etat, de l’indépendance de la justice, de la liberté de l’information, de la garantie des droits de l’homme, du refus de la violence et de la liberté de la femme, dont il se porte garant tant qu’il serait à la tête du gouvernement.
La transition démocratique doit se faire en tenant compte «du respect des libertés» a précisé, de son côté, Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh) qui relève que «les libertés ne peuvent faire l’objet de report. Tout gouvernement qui n’en tient pas compte ne sera pas toléré».
«On ne devrait pas se conformer aux modèles préétablis» a soutenu, de son côté, Sihem Ben Sedrine, présidente du Conseil national des libertés en Tunisie (Cnlt) dénonçant la persistance «de certains réflexes» de l’ancien régime. «Une feuille de route» pour une transition démocratique sera annoncée cette semaine, a-t-elle précisé.
Garantir la parité des candidatures
Les prochaines élections, prévue le 24 juillet prochain, ont, à cet égard, polarisé l’attention des différents intervenants au débat. Il est urgent de parachever l’élaboration du code électoral «avant fin mars», date limite fixée par le gouvernement de transition, a insisté Yadh Ben Achour, président de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, dont la composition «n’est pas encore définitive». Il a précisé que le premier ministre est prêt à élargir la composition de cette structure à de nouvelles personnalités, partis politiques et composantes de la société civile, qui viendront enrichir le débat concernant différentes questions dont en particulier le Code électoral qui, dit-il, est d’une importance capitale afin d’organiser «des élections transparentes et équitables» de l’Assemblée constituante.
«Le processus électoral doit garantir la parité des candidatures», a plaidé, pour sa part, la présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), Sana Ben Achour, qui affirme que ce principe «doit être une obligation juridique énoncé dans la nouvelle constitution».
Le séminaire se poursuit aujourd’hui et demain dans le cadre d’ateliers thématiques, axés sur les enjeux d’une transition démocratique «réussie», le pluralisme de l’information et du débat public et le rôle de la société civile.
Z. A. (avec Tap).