«Les entreprises françaises ayant des actifs de la famille Ben Ali vont être récupérés par l’Etat et revenir tout naturellement au peuple tunisien», a affirmé Pierre Lellouche.


Le secrétaire d’Etat français du Commerce extérieur s’exprimait au cours d’une conférence de presse, hier, à l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace), à Tunis, au terme de sa première visite en Tunisie après la chute de l’ancien régime. M. Lellouche, qui était accompagné de Mehdi Haouas, ministre tunisien du Tourisme et du Commerce, était ravi et optimiste. Et il a tenu à le montrer. Sa Tunisie natale est en train de se démocratiser et la France la soutient sans conditions.

«La France est avec vous»
«C’est une réelle émotion et une vraie joie de voir la petite Tunisie en train de montrer au monde arabo- musulman que la démocratie – que j’ai toujours défendue – est permise dans la région. J’ai rencontré le Premier ministre, ainsi que d’autres membres du gouvernement et je leur ai transmis le soutien de tous les Français (de gauche et de droite) aux Tunisiens», a-t-il dit. Et de préciser que la France est un partenaire de poids de la Tunisie et que les 1.250 entreprises françaises qui emploient 110.000 personnes aiment rester dans notre pays, surtout que le climat des affaires y est favorable. Selon M. Lellouche, le nombre d’entreprises françaises va même augmenter. «Il y a eu, certes, quelques dégâts matériels, quelques autres problèmes qui sont en train d’être réglés, comme l’expropriation de deux entreprises. Là on est en train de passer un accord avec les responsables tunisiens. On va examiner aussi certaines entreprises françaises qui contiennent des actifs de la famille Ben Ali. Ces actifs vont être récupérés par l’Etat et revenir tout naturellement au peuple», a-t-il précisé.

L’Etat de droit est plus favorable aux affaires
Pour M. Lellouche, même s’il y a eu, ces derniers temps, un recul de croissance, ce n’est que temporaire et il faut regarder autrement l’avenir. Il a souhaité d’établir avec les Tunisiens un programme de relance et se dit optimiste. «Il faut seulement détourner les moyens les plus concrets pour accompagner la transition. L’instauration d’un Etat de droit est favorable aux affaires et, dans ce cas, notre partenariat ne peut être que gagnant-gagnant». Selon le secrétaire d’Etat, l’exemple du partenariat entre les entreprises Délice (Tunisie) et Danone (France), spécialisées dans les produits laitiers, en est le meilleur témoignage. «La France a transmis son savoir-faire aux producteurs et ouvriers tunisiens et les Français continueront à fabriquer les machines», a expliqué le responsable français.
Sur une note tout aussi optimiste, Mehdi Haouas a parlé de l’avenir du tourisme et de celui de l’industrie. «Les Français, qui étaient inquiets il y a seulement une semaine, ne le sont plus aujourd’hui. La Tunisie a été longtemps une destination low cost avec un tourisme de masse. Son industrie a été fondée sur une fabrication à bas coût. Aujourd’hui, avec la révolution, le respect du droit social, du droit légal, nous sommes en train de présenter un deal gagnant-gagnant. Avec les Français, nous pouvons nous attaquer à un autre marché qui est celui de l’Afrique. Les Français ont compris qu’on est sur le droit chemin et en train de mettre une dynamique en place. La Tunisie a envie d’avancer et la France ne peut que l’accompagner», a expliqué le ministre tunisien.

Un nouveau régime se met en place en Libye
Interrogé sur la position de son pays concernant la situation en Libye, le secrétaire d’Etat a répondu que la France a pris l’initiative et fait un grand effort pour mobiliser l’opinion internationale afin que le massacre cesse. «Le gouvernement doit protéger son peuple. Kadhafi tue son peuple et il risque d’être traîné en justice. Cette fois, la France a dit non. Et devant le comportement du Guide libyen, la Ligue arabe a aussi dit non. Hier à l’Onu, on a adopté des résolutions. La France était au rendez-vous de l’histoire», a expliqué M. Lellouche. Et d’ajouter: «Aujourd’hui, grâce à la rébellion, un nouveau régime est en train de se mettre en place. Le printemps arabe ne doit pas être noyé dans le sang par le régime libyen».
En réponse à une question sur le conflit israélo-palestinien, M. Lellouche a dit que la France de Sarkozy dit non au bétonnage et aux constructions dans les territoires. «Nous avons demandé à Israël, qui est un Etat ami, d’arrêter les constructions dans les Territoires. Nous devons aider l’Autorité palestinienne, qu’on considère modérée, à se mettre en place. A quoi sert ce conflit? Pas la peine de perpétrer une guerre. Les uns et les autres ont autre chose à faire pour aller de l’avant», a-t-il conclu.

Zohra Abid