Des représentants d’Ong tunisiennes ont appelé, lundi à Tunis, à une plus forte présence de la société civile dans les régions intérieures et à «une séparation totale entre l’Etat et la religion».


Même après la révolution du 14 janvier, on ne peut que constater la persistance d’une «rupture totale» entre les régions côtières et les villes, et les régions intérieures, ont constaté plusieurs intervenants parmi les organisateurs du séminaire sur la transition démocratique en Tunisie, lors de la conférence de presse tenue au terme des travaux. Il s’agit d’une rupture «grave et historique» affirme Sana Ben Achour, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd).

Tout reste à faire
Une opinion partagée par Abdeljelil Bedoui, membre du Conseil national pour les libertés en Tunisie (Cnlt), pour qui «cette rupture existe toujours même après la révolution du 14 janvier», d’où la nécessité, a-t-il soutenu, «d’inscrire les droits économiques et sociaux dans la future constitution».
Des actions seront menées en vue de se rapprocher des régions intérieures, ont affirmé les représentants de la société civile.
Une conférence sur la transition démocratique en Tunisie est prévue prochainement, à l’intérieur du pays, a annoncé, dans ce sens, Khedija Cherif, secrétaire générale de la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh).
La Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh) et l’Atfd ont, pour leur part, annoncé l’ouverture de sections à l’intérieur du pays.
Deux nouvelles sections de l’Atfd seront, prochainement, mises en place à Kairouan et à Gafsa, a annoncé Mme Ben Achour. Une première section avait été créée, fin février, à Sousse.
La Ltdh envisage aussi l’ouverture «dans quelques semaines» de sections dans tous les gouvernorats du pays «pour recueillir les doléances des citoyens», a annoncé Me Mokhtar Trifi, président de l’organisation.
Tout en soulignant les difficultés vécues par les composantes de la société civile sous l’ancien régime, pour communiquer et pour mener des activités et des actions à l’intérieur du pays, Mme Cherif a déclaré que «tout reste à faire. Le rôle de la société civile est fondamental dans la construction de la démocratie de demain».

Séparation entre la religion et l’Etat
Le séminaire sur la transition démocratique en Tunisie a permis de montrer la nécessité «d’une prééminence des valeurs universelles», a expliqué Kamel Jendoubi, président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (Remdh). Il s’agit d’un ensemble de valeurs parmi lesquelles, «le respect de la liberté absolue de conscience», ce qui implique «l’indépendance de la sphère publique par rapport à la norme religieuse», précisent la Fidh et le Remdh dans un communiqué. «Il est nécessaire de mieux expliciter la notion de la laïcité», a souligné Mme Cherif.
Les participants au séminaire sur la transition démocratique ont appelé, dit-elle, «au maintien de l’article premier de la constitution dans sa version actuelle» et à enrichir la constitution en ce qui concerne les droits de la femme, a-t-elle précisé.
Les forces politiques doivent se mettre d’accord sur un ensemble de principes qui formeront la plate-forme de la nouvelle république, a plaidé M. Trifi. Il s’agit, dit-il, du droit à la citoyenneté et au respect «sans réserves» de l’égalité totale. Il a appelé à une séparation entre la religion et l’Etat et à tenir les mosquées «qui sont un espace citoyen», dit-il, loin de toute campagne électorale.
Le débat engagé, pendant deux jours, est l’une des premières initiatives organisées par les composantes de la société civile tunisienne, en collaboration avec les réseaux actifs dans le domaine des droits de l’homme établis à l’étranger.

Source : Tap.