Le programme de la visite officielle du secrétaire général de l’Onu en Tunisie, du lundi soir au mercredi matin, a été très chargé. Kapitalis vous en raconte aussi les à côtés.
Comme il a été annoncé par le bureau des Nations Unies de Tunis, le séjour de Ban Ki-moon a été minutieusement organisé. Des rencontres officielles et d’autres officieuses et pas une seule minute à perdre.
Le secrétaire général, dont ce fut la deuxième visite officielle en Tunisie (et la première après la révolution du 14 janvier 2011), a atterri le lundi 21 mars vers 23 heures. Direction: les hauteurs de Gammarth, à quelques km de l’aéroport de Tunis-Carthage. Sous haute sécurité, M. Ki-moon et sa délégation composée d’une dizaine de personnes ont été chaleureusement accueillis par la direction générale de l’hôtel Regency.
Les responsables de cet hôtel Cinq étoiles de luxe, dont la plage est caressée par les vagues de la Méditerranée, ont réservé leur suite présidentielle à leur hôte de marque. C’est à la chambre 507 que M. Ban Ki-moon a passé ses deux nuits à Tunis.
Les petites phrases du secrétaire général de l’ONU
Sur son agenda du mardi: plusieurs rendez-vous. A son réveil, le petit déjeuner lui a été servi en compagnie de Mouldi Kefi, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de transition. Qu’a commandé M. Ki-moon? Un bol de «dwida» (des vermicelles), avec une noisette de beurre et un peu de confiture.
Entre 9h45 et 10h45, le secrétaire général de l’Onu s’est réuni à la salle Palm Garden avec les membres de l’Instance supérieure pour la réalisation des objets de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Ensuite, c’est la course contre la montre. Une rencontre avec le président par intérim, Foued Mebazaa, le Premier ministre du gouvernement de transition, Béji Caïd Essebsi, à la Kasbah, où il a dû voir par les vitres de sa limousine le manège des manifestants faisant sit-in.
Retour à l’hôtel Regency pour le déjeuner. Un complet poisson lui a été préparé, avec pour seule garniture un bol de riz au naturel, mangé à la va-vite. Car, M. Ki-moon est déjà attendu dans la grande salle du Regency pour un débat avec quinze jeunes qui a duré une petite heure (de 15h20 à 16h20).
Après un petit moment de repos, M. Ki-moon a repris avec entrain son agenda. Une autre rencontre publique avec la société civile dans la salle Ball room. Son discours a porté bien sûr sur l’appui financier et technique à la Tunisie nouvelle. Il était optimiste sur ce qui vient de se passer en Tunisie. A ses yeux «la révolution tunisienne est un modèle de transition démocratique». Nous espérons que les acteurs politiques tunisiens ne le démentiront pas.
Le menu politique
Comme il fallait s’y attendre, M. Ki-moon a été interrogé sur la Libye, le Yémen et tout ce qui se passe actuellement dans la région. Les peuples ont le droit de manifester contre leur gouvernement quand rien ne va plus, a-t-il souligné. Selon lui, le cas de la Libye n’est pas isolé. Le monde a vécu d’autres génocides. «La décision a été rapide. Les crimes contre l’humanité ne doivent plus se répéter. Le monde a connu de pareils épisodes avec le Cambodge, le Rwanda… La communauté internationale a aujourd’hui une obligation morale de protéger les pays quand les gouvernements échouent. Le gouvernement de Kadhafi tue et la communauté doit assumer sa responsabilité. Tous les pays, y compris la communauté arabe sont d’accord», a-t-il répondu. Et d’ajouter que l’intervention actuelle en Libye est loin d’être une occupation et qu’il n’y a pas de cessez le feu.
Sur Gaza, M. Ban Ki-moon n’a pas été très convainquant. Les questions ont porté sur l’appui inconditionnel des superpuissances à l’Etat d’Israël. «Je me suis déplacé à Gaza et j’ai obtenu un cessez le feu», a-t-il dit.
Les petits bols de l’épouse de l’ambassadeur
Dans les coulisses, M. Ki-moon s’est entretenu près de dix minutes avec la mère, la sœur et un membre de la famille Mohamed Bouazizi qui s’est immolé le 17 décembre et a déclenché la révolution en Tunisie et dans le monde arabe. Rien n’a filtré de cette rencontre, qui s’est déroulée juste après l’interview exclusive accordée à notre confrère Lotfi Hajji de la chaîne qatarie Al Jazira.
En fin de journée, M. Ki-moon a rencontré la presse et redit pratiquement les mêmes choses tout en insistant que l’ONU sera présente au moment des élections. Un groupe d’experts va travailler étroitement avec le gouvernement pour réussir le passage à la démocratie. «Notre responsabilité est de préparer le terrain pour les leaders de demain, qui sont les jeunes», a-t-il notamment dit.
La visite officielle s’est terminée un peu vers 20 heures. M. Ki-moon a eu droit à un dîner dans un restaurant huppé en bord de mer.
Mercredi, à 7 heures du matin, l’ambassadeur de la Corée du Sud à Tunis, accompagné de son épouse, a pris le petit déjeuner avec son compatriote. Madame l’ambassadrice en personne est allée dans la cuisine du Regency et a préparé, avec l’aide du chef Papada (une Thaïlandaise), des petits plats coréens. Une douce attention pour rappeler au secrétaire général de l’ONU les saveurs de son pays natal. Le bol de «dwida» était, bien sûr, posé sur la table.
Huit heures, M. Ki-moon quitte Tunis. C’est M. Kéfi, ministre des Affaires étrangères qui l’a salué à l’aéroport.
Zohra Abid