La situation es Tunisie et dans tout le monde arabe est certes instable et volatile, à la suite des révolutions qui ont emporté ou sont en train d’emporter les dictatures ayant oppressé les populations au cours des dernières décennies.
A cet égard, les craintes exprimées par les populations tunisiennes sont légitimes et partagées par toutes les communautés, musulmane, juive et chrétienne. Et il n’y a aucune raison pour qu’une communauté soit plus inquiète qu’une autre sur l’avenir.
Il faut donc situer le problème dans ce contexte global, mais il n’y a aucune raison pour que les juifs tunisiens pensent à quitter leur pays, à moins qu’Israël ne veuille les utiliser comme une monnaie de change pour recueillir des fonds supplémentaires (américains, européens et autres) en vue d’accélérer le mouvement de l’immigration juive vers l’Etat hébreu et justifier ainsi ses plans de développement de la colonisation des territoires arabes.
Une communauté religieuse indépendante
«La Tunisie a accueilli avec beaucoup de regret les encouragements du ministre de l’Intégration et de l’Immigration israélienne Sofia Landver aux Tunisiens juifs pour émigrer vers en Israël et son intention de leur octroyer des aides financières sous prétexte qu’ils vivraient dans une situation économique difficile en Tunisie», a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
Le ministère dénonce «une ingérence» dans les affaires intérieures condamnant «un appel malintentionné aux citoyens Tunisiens à immigrer en Israël dans une tentative de nuire à l’image de la Tunisie après la révolution et de susciter la suspicion sur sa sécurité, son économie et sa stabilité».
«La Tunisie est outrée par la teneur des déclarations émanant d’un responsable gouvernemental d’un pays qui persiste à nier le droit des réfugiés palestiniens au retour sur leur terre natale, défiant honteusement la légalité internationale», poursuit le ministère.
«Les juifs tunisiens ont constitué tout au long de l’histoire de la Tunisie, une partie intégrante de la société, vivant en parfaite harmonie avec ses différentes composantes et dans le cadre du respect de leurs droits et de leurs libertés en tant que communauté religieuse indépendante», conclut le communiqué officiel tunisien.
Cette réaction fait suite à la décision, dimanche, du gouvernement israélien de débloquer un budget majorant l’aide aux juifs tunisiens qui souhaiteraient émigrer en Israël.
Roger Bismuth monte au créneau
«Nous savons qu’il y a une véritable détresse parmi les juifs de Tunisie, dont beaucoup voudraient émigrer en Israël. Nous allons augmenter l’allocation d’intégration pour leur permettre de le faire», a déclaré alors le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, cité dans un communiqué officiel.
Selon le quotidien israélien ‘‘Yediot Aharonot’’, Mme Landver va accorder une somme de 10.000 shekels (environ 2.000 Euros) pour chaque juif tunisien souhaitant s’installer en Israël et 85.000 shekels (17.000 Euros) par famille.
Interrogé, le soir, à la télévision tunisienne, l’homme d’affaires juif tunisien, Roger Bismuth, chef de la communauté israélite de Tunis et membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (patronat), a affirmé que les juifs tunisiens n’ont pas de problèmes particuliers, et s’il y a des indigents parmi eux, comme il en existe aussi en Israël même, la communauté a mis en place divers programmes d’aide aux plus démunis.
I. Bahri