«Foued Mebazaa, président de la République par intérim, a reçu, jeudi, au palais de Carthage, Farhat Rajhi qu’il a décidé de nommer président du Haut comité des droits de l’Homme et des libertés fondamentales».


La dépêche de l’agence officielle Tap est laconique et sèche. Le service minimum en somme, comme au bon vieux temps de Ben Ali. Le journaliste s’est gardé d’analyser ou de mettre en perspective la décision du gouvernement. Il n’a même pas indiqué qui est Mohamed Rajhi. Mais comme il s’agit du ministre de l’Intérieur du gouvernement de transition limogé quelques jours plus tôt sans explication aucune, l’indication était pour le moins nécessaire.
Interrogé hier soir à propos de ce limogeage, lors du débat télévisé diffusé par la Chaîne nationale, Hannibal TV et Nessma TV, le Premier ministre de transition, Béji Caïd Essebsi, s’est contenté de préciser que M. Rajhi n'a pas été limogé. La nomination d’un nouveau ministre à la tête du ministère de l’Intérieur, Habib Essid, est, selon ses termes, un remaniement ministériel. Il a tenu aussi à préciser que cette mesure relève de sa compétence en tant que Premier ministre. Nul reproche ne peut être adressé à M. Rajhi, a-t-il dit. Et d’ajouter, sans craindre de se contredire, qu’il a accompli son devoir dans une période délicate et sensible (sic !). S'iil a été aussi irréprochable, pourquoi a-t-il donc été limogé?

Y a-t-il une vie après le ministère de l'Intérieur?
Quoi qu’il en soit, M. Rajhi s’est taillé, au cours de la courte période qu’il a passé à la tête du ministère de l’Intérieur, une popularité qui pourrait lui permettre de jouer un rôle dans une Tunisie démocratique où la scène politique ne compte pas beaucoup de leaders charismatiques. Sa nomination à la tête du Haut comité des droits de l’Homme et des libertés fondamentales peut être considérée comme une bonne nouvelle. Ce juge intègre et très respecté par ses pairs pourra jouer un grand rôle dans l’amélioration du bilan jusque là  catastrophique de la Tunisie dans ce domaine.
Cela dit, tant qu'à faire, beaucoup de Tunisiens auraient aimé voir M. Rajhi désigné à la tête de la commission qui sera chargée d'assurer le contrôle de l'élection de l'Assemblée constituante, le 24 juillet, dont on espère qu'elle se déroulera dans la transparence et le respect des normes démocratiques. Entouré d'autres juges et personnalités de la société civile, il aurait donné une certaine crédibilité à cette commission.

Z. A.