M. Füle, qui était accompagné au cours de cette visite par Cecilia Malmström, commissaire européenne aux Affaires intérieures, a souligné sa joie d’être en Tunisie, «pays qui a une relation privilégiée avec l’Union européenne et qui vient de connaître des changements spectaculaires sous l’impulsion d'un peuple courageux et déterminé.»
Le responsable européen à rendu hommage à la révolution tunisienne qu’il a qualifiée d’«authentiquement populaire et démocratique», soulignant qu’elle est désormais «une source d’inspiration au-delà des frontières de la Tunisie».
«La Tunisie veut devenir une démocratie stable»
Tout en exprimant son admiration pour le peuple tunisien et en félicitant «les femmes et les hommes de Tunisie pour leur courage et leur capacité à générer une transition pacifique», M. Füle a résumé le message «très clair» de la révolution des Tunisiens en ces termes: «la Tunisie veut devenir une démocratie stable, qui respecte pleinement les droits et libertés fondamentaux. Elle veut des élections libres, équitables et ouvertes à tous. Elle veut lancer des réformes en profondeur pour lutter contre la corruption, assurer l’indépendance de la justice, garantir la liberté d’expression et d’association.»
Le responsable européen a réitéré la détermination de l’UE à «soutenir les Tunisiens dans chacune de ces réformes fondamentales».
«La Tunisie a de nombreux atouts, notamment le niveau élevé d’instruction de sa population et son système administratif efficace», a souligné M. Füle, estimant que ceci devrait contribuer à la réussite de la transition.
Le responsable européen, qui a eu des entretiens avec le Premier ministre Béji Caïd Essebsi, le ministre des Affaires étrangères, Mouldi Kefi, le ministre de la Coopération internationale Monsieur Triki et le ministre des Finances, Jalloul Ayed, a rappelé l’aide de l’UE à la Tunisie, déjà annoncé en février, lors de la visite de Mme Catherine Ashton, d’un montant de 17 millions d’euros pour parer aux besoins les plus urgents du pays en cette période difficile. «Une partie de cette aide a déjà été mobilisée», a-t-il précisé.
«Nous avons notamment déployé des experts depuis plusieurs semaines pour renforcer le cadre électoral tunisien, en appui aux travaux de la Commission pour la réalisation des objectifs de la révolution», a expliqué M. Füle. Et d’enchaîner: «Les programmes de soutien à la société civile et aux media sont aussi en cours de lancement. Ils incluent un appui à plusieurs Ong tunisiennes, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh) et des associations de femmes, ainsi qu’un projet d’aide aux médias tunisiens, notamment à travers des programmes de formation.»
Par ailleurs, la plus grande partie de ces fonds (10 millions d’euros) est affectée au développement des régions défavorisées de l’intérieur du pays, d’om est partie l’étincelle de la révolution tunisienne.
«Nous sommes prêts à faire beaucoup»
«Tout ceci n'est qu’un début et nous sommes prêts à faire beaucoup plus», a promis M. Füle, expliquant que l’UE a «toujours été aux côtés de la Tunisie» et qu’elle sera là «non seulement aujourd’hui mais dans la durée.»
Le responsable européen a déclaré avoir entamé, lors de sa visite, une révision en profondeur de l’assistance européenne à la Tunisie «afin de l’adapter aux nouveaux défis liés à la transition démocratique et au développement économique de la Tunisie.» Ces défis sont, selon lui, l’éradication de la pauvreté, le développement social et l’emploi, en particulier dans le sud et le centre du pays.
Tout en estimant qu’il est trop tôt pour estimer les montants que l’UE pourrait dépenser au futur pour aider les réformes concrètes sur lesquelles la Tunisie demandera son soutien, M. Füle a néanmoins affirmé que l’UE a prévu de dépenser 160 millions d’euros en Tunisie en 2012 et 2013. «Dans le meilleur des cas, en ligne avec des réformes ambitieuses lancées par le gouvernement que les Tunisiens auront choisi, je pourrais envisager un doublement de ces montants. Et une partie pourrait être déjà engagée cette année», a-t-il promis en conclusion. Traduire: si le calme revient dans le pays, que l’élection de l’Assemblée constituante se passe dans les meilleures conditions de transparence et que la transition démarre sur des bases solides.