Les Journées de la Tunisie nouvelle (Jtn) se sont déroulées à Montréal, au Québec (Canada), du jeudi  31 mars au dimanche 4 avril. Kapitalis y était.
Sarra Guerchani, correspondante au Canada.


Cette manifestation culturelle a été organisée par Avant Scène Production et le Collectif de solidarité au Canada avec les luttes sociales en Tunisie, dernièrement rebaptisé Collectif pour la liberté et la démocratie en Tunisie. Elle a été inaugurée par la projection de clichés de la révolution tunisienne, présentés à l’Office national du Film (Onf), à Montréal.

 

S’assoir et discuter de l’avenir de notre pays
C’est en toute convivialité et simplicité que les membres du Collectif et l’invité d’honneur, Bendir Man, présent au Québec pour quelques jours, ont ouvert le bal des Jtn, «le premier événement de la Tunisie libre» au Canada, souligne Sonia Djelidi, porte parole des Jtn, dans son mot d’ouverture.
Cette manifestation socio culturel, dont la connotation politique a été imposée par les événements en Tunisie, a duré quatre jours. Ce fut, selon les termes de ses organisateurs, un «espace d’échange et de réflexion sur les nouveaux défis auxquels la Tunisie doit faire face». «Nous devons prendre le temps de réfléchir sur ce qui s’est passé ces derniers mois», précise Sonia Djelidi.
«Depuis le début du mois de décembre, nous n’avons pas eu l’occasion de nous poser des questions et de réfléchir à tout ce qui s’est passé en Tunisie. Voici donc venu le temps de s’assoir et de discuter de l’avenir de notre pays, à quelques mois de l’élection de l’Assemblée constituante», poursuit-elle.

Les expressions culturelles pour alimenter la réflexion
La réflexion s’est faite à travers la photographie, la musique, le chant, le cinéma et les conférences sur le thème de la révolution. C’est ainsi que le collectif a vu les choses.
Jeudi, à la projection intitulée «De la Tunisie au Canada », le public a vu des photos réalisées par des photographes amateurs et professionnels tunisiens, illustrant les moments inoubliables de la révolution tunisienne, ainsi que le soutien de la diaspora du Canada, durant les nombreuses manifestations qu’elle a organisées, notamment à Montréal.
Vendredi, une série de six courts métrages de jeunes réalisateurs tunisiens, censurés sous le régime de Ben Ali, ont été projetés. Un débat sur les sujets abordés par les films a suivi les projections.
Toujours dans un esprit de réflexion, les Jtn ont proposé également une table ronde sur l'apport des médias sociaux dans le monde arabe actuel «Révolution 2.0: médias et chemin vers la liberté». Cette rencontre qui a mis l’accent sur le rôle des réseaux sociaux dans les révoltes qui ont bouleversé le monde arabe, s’est tenue au pavillon Hubert-Aquin, avec la participation en vidéoconférence de blogueurs/cyber-militants maghrébins et de la cyberdissidente féministe saoudienne : Wajiha Al-Huweidar.
En seulement trois mois, trois régimes dictatoriaux ont basculé: la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Une révolution qui a confirmé l’émergence de l’internet comme catalyseur pour basculer vers la démocratie et la liberté d’expression.
Le web 2.0, une arme contre la dictature dont des milliers de jeunes cyber-activistes du monde arabe se sont servi pour relayer des photos, des vidéos et des informations.
Aujourd’hui la Tunisie est en pleine transition démocratique, une transition qui est loin d’être facile à comprendre et à vivre pour de nombreux tunisiens. C’est pour cela que le Collectif pour la liberté et la démocratie en Tunisie a organisé, le 2 avril, une conférence sur le thème: «Des transitions démocratiques en Espagne, au Mexique et en Roumanie et de la naissance de nouvelles démocraties». Le débat,  comme l’expliquent les organisateurs, a fourni au jeune public des informations sur les expériences de transition passées. Qu’elles aient réussi ou échoué, ces transitions démocratiques peuvent en effet aider les Tunisiens à comprendre les défis que la Tunisie d’après la révolution du 14-Janvier devrait relever pour réussir une véritable rupture avec le système politique ancien et assurer une vraie mutation démocratique.

Labbes, Queen K et Sabeur Gallali
La journée de débat a été clôturée par un concert de l’artiste tunisien satirique et militant, Bendir man. D’autres artistes assureront la première partie du concert. Il s’agit du groupe Labbes, de Queen K et de Sabeur Gallali.
La moitié des bénéfices du concert iront au Croissant rouge tunisien qui, depuis le 20 février, et l’intensification de la répression et des combats en Libye, accueille des dizaines de milliers de ressortissants étrangers fuyant ce pays en guerre pour se réfugier à Ras Jedir. Le Croissant rouge, qui manque de moyens, les prend en charge, en leur apportant les soins et l’alimentation nécessaires.
Les Jtn ont été clôturées par un atelier sur le nouveau paysage politique tunisien et la responsabilité citoyenne dans le cadre de la nouvelle démocratie.
Quelques centaine de personnes, en majorité des Tunisiens résidents au Canada, mais aussi des hommes politiques et des universitaires montréalais, ont assisté aux divers volets du programme des Jtn. Ce qui encourage les organisateurs à persévérer dans l’organisation de ce genre d’événements qui permettent aux expatriés tunisiens au Canada à garder un contact fort avec leur pays d’origine.