Si les grèves, les sit-in et les revendications sociales se poursuivent, le nombre de chômeurs passerait de 520.000 à fin 2010 à 700.000 cet été. Comment le gouvernement provisoire va-t-il gérer une telle situation?


Le gouvernement provisoire, on le sait, n’a pas de baguette magique, sinon on l’aurait su. Mais, il essaie par tout moyen de trouver des résolutions, au cas par cas, famille par famille et région par région.
Une série de projets a été annoncée en ce sens par Saïd Aïdi, ministre de la Formation et de l’Emploi, lors d’une conférence de presse lundi au siège de son ministère.

Le taux de chômage risque d’atteindre les 19%
Avant de présenter son plan de travail, Saïd Aïdi a dressé un tableau sombre de la situation actuelle dans le pays. Les chiffres sont alarmants et c’est le moins que l’on puisse dire.



«Si on ne fait rien, nous allons avoir en été 700.000 demandeurs d’emplois à cause de toutes ces grèves et ces sit-in qui n’en finissent pas», a lancé le ministre. Selon lui, 10.000 chômeurs se sont ajoutés suite aux derniers événements et il y a risque d’avoir 80.000 autres sur la liste d’attente si les gens ne reprennent pas le travail. «N’oublions pas les 35.000 travailleurs rentrés de Libye, à qui s’ajouteront 80.000 nouveaux diplômés du supérieur», a-t-il martelé, sur un ton presque pessimiste. Par conséquent, le taux de chômage va passer de 14% à 19%. Dans certaines régions, il atteindra 70% de la population active. Et là ça pose problème; il faut intervenir au plus vite.

Prime de 200 dinars pour aider à l’insertion
«Nous travaillons sur plusieurs axes:
- créer de nouveaux emplois en aidant les entreprises saccagées, détruites ou touchées par les grèves à se relever, notamment avec un allègement fiscal;
- encourager l’entreprenariat à s’investir dans les régions longtemps oubliées;
- accompagner les demandeurs d’emploi et les aider à s’insérer par des formations et des programmes de reconversion.»
La fonction publique va faire un effort en recrutant 20.000 personnes, dont 3.000 par le ministère de l’Education nationale, 2.000 par celui de la Santé et 1.000 dans d’autres ministères. Il y a aura bien sûr aussi des recrutements aux ministères de l’Intérieur et de la Défense, qui commenceront en juillet.
L’émigration va constituer une autre solution. Le gouvernement va essayer d’envoyer travailler 10.000 personnes en Europe, dans les pays du Golfe (surtout à Qatar) et en Australie. «Nous sommes en train d’étudier des dossiers avec les associations civiles en Tunisie et à l’étranger, et avec les bailleurs de fonds du secteur privé», a dit le ministre. Qui a ajouté: «Au total, nous tablons sur 40.000 nouveaux emplois d’ici juillet 2011. Ce serait formidable quant on a une croissance qui frise 0%», a-t-il fait remarquer.

Pas de discrimination, mais des priorités
Il faut à tout prix accompagner les demandeurs d’emploi en vue de leur insertion. La mise en place du programme Amal (Espoir) concerne 50.000 demandeurs d’emploi stable. Ils auront une prime de 200 dinars par mois. Le ministre tient cependant à expliquer qu’«il ne s’agit pas d’une prime de chômage ou de l’argent de poche.» En effet, «cette prime va être servie au maximum pendant une année. Elle servira à aider les demandeurs d’emploi à faire des stages dans un programme d’insertion pour avoir plus de chance pour trouver du travail. Jusque-là, 127.000 personnes ont déposé leur dossier et les primes vont être débloquées dans même pas dix jours».
Parmi les dossiers prioritaires, le gouvernement prendra en considération les indices de pauvreté. Dans chaque famille démunie, il y aura au moins une personne embauchée. Les régions les plus touchées par le chômage seront aussi une priorité. «En ce sens, nous misons sur le développement régional. Mais sans oublier les autres régions. Il faut seulement qu’il y ait de l’équilibre. Les handicapés auront toute leur chance pour pouvoir travailler comme tous les Tunisiens», a précisé M. Aïdi.
Le gouvernement actuel a commencé le travail et c’est le prochain gouvernement élu qui va prendre le relais», a-t-il conclu, comme pour rappeler, au cas où on l’aurait oublié, que le mandat du gouvernement de transition est limité dans le temps.

Z. A.