C’est une idée positive et un message de confiance que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, véhiculera en Europe sur la Tunisie nouvelle, où il vient d’effectuer sa première visite officielle.  


«J’ai beaucoup de confiance en la transition démocratique en Tunisie», a-t-il dit mardi à Tunis. «Ce qui se passe en Tunisie est très important, pas uniquement pour le monde arabe, mais pour le monde entier, a-t-il ajouté. Ça prouve que la démocratie est possible. Mais la démocratie crée beaucoup d’attentes. Elle a besoin de la patience de chaque jour et de défis énormes».

Des élections aux standards internationaux
Barroso s’est entretenu avec le président, Foued Mebazaa, et le Premier ministre, Béji Caïd Essensi, et des représentants de la société civile, dont des partis politiques, avant de rencontrer un groupe de journalistes auxquels il a lancé vouloir «partager l’expérience avec la Tunisie».
«Nous appuyons la justice sociale et nous revendiquons surtout un partenariat économique, social et politique. Nous comptons beaucoup sur la société civile et nous souhaitons voir des élections aux standards internationaux mais aussi une liberté de la presse et les droits de la femme».
Dans ce dernier cadre, Barroso a salué la législation «très avancée, peut-être la plus avancée au monde, sur la parité hommes/femmes dans le code électoral qui vient d’être voté».

L’avenir des Tunisiens n’est pas dans l’immigration
L’immigration illégale ne peut qu’être dans le cœur de la visite de Barroso en Tunisie. «Elle n’est dans l’intérêt de personne, avertit-il. L’avenir de la Tunisie n’est pas dans l’immigration mais dans le développement économique. Nous ne sommes pas contre l’immigration mais contre l’immigration illégale».
Barroso s’est dit «confiant que le gouvernement tunisien maîtrise bien le sujet» et a appelé ce dernier «à travailler ensemble pour gérer le flux de l’immigration clandestine». «Nous attendons de la Tunisie une action forte et claire en acceptant la réadmission de ses ressortissants qui se trouvent de manière irrégulière en Europe», a dit M. Barroso. Qui reconnaît aussi que les Européens ne sont eux-mêmes pas résolus sur le phénomène. «L’Europe a besoin d’une politique d’intégration et d’asile commune. C’est ce que la Commission a toujours plaidé pour».
Que dira Barroso à ses partenaires européens sur une Tunisie en transition? Il répond: «C’est un message de confiance que je transmettrai aux investisseurs européens: ne quittez pas la Tunisie! D’abord par ce que la stabilité va s’y installer, grâce à la démocratie, et aussi parce que toutes les conditions y sont réunies pour que le pays se renforce en tant que destination touristique et d’investissement».
Le commerce, les investissements et l’aide directe sont en effet les axes majeurs de la coopération entre la Tunisie et l’Union européenne, selon Barroso.
L’Europe est «prête à travailler avec la Tunisie pour la prospérité sociale et économique» et la Commission européenne promet «l’augmentation de l’aide bilatérale» qui se fera à travers la Banque européenne d’investissement (Bei), le Statut avancé et la facilitation de l’accès des produits tunisiens au marché européen.
Pour commencer, l’Union européenne accordera à la Tunisie une rallonge de 140 millions d’euros au budget d’aides initialement prévu de 257 M€ pour la période 2011-2013. Une grande partie en sera consacrée aux projets de petites et moyennes entreprises (Pme).
Et au responsable européen de dissiper l’équivoque. «Il n’y a pas un problème de dettes significatives de la Tunisie envers l’Europe».

Mourad Teyeb