Concernant le sujet du mandat de dépôt contre Abderrahim Zouari, si l’on se fie au communiqué de l’agence Tap qui a divulgué l’information, il est déclaré qu’«il a été incarcéré après son interrogatoire par le juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis» sans aucune précision sur les chefs d’inculpation retenues contre le prévenu.
Or, si l’on voulait informer les citoyens dans les règles de l’art, ce qui est leur droit fondamental, le journaliste aurait dû d’abord citer la source judiciaire d’où provenait l’information, et ensuite renseigner précisément les chefs d’accusation retenus contre l’ancien ministre et qui justifierait cette incarcération.
Tout ce qui est opaque et qui manque de transparence sème le doute. Et ce n’est pas parce que M. Zouari a fait parti du gouvernement sous Ben Ali qu'il n’a pas droit à un procès équitable. Pourquoi alors l’arrêter si sa culpabilité n’a pas été prouvée? Il semble qu’il y a là violation de la présomption d’innocence, jusqu’à preuve du contraire.
Il est primordial aussi, en cette période de doutes et de manipulations, que les citoyens soient mieux informés sur les décisions de la justice.
Autrement, la non-transparence dont fait preuve la justice ne fait que renforcer l’hypothèse de «la chasse aux sorcières», dont le Premier ministre même se défend pourtant...
Ines Kharrat
NDLR :
En vertu du mandat d’arrêt du parquet de Tunis, le prévenu est inculpé pour «détournement de fonds publics et abus de pouvoir au cours de ses missions au sein du Rcd».
S’agissant de son emprisonnement, il est évident que le juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis a trouvé suffisamment d’éléments pouvant justifier son incarcération. A la différence d’autres anciens collaborateurs de Ben Ali, qui ont été entendus par le même juge et remis en liberté en prévision du parachèvement des éléments de l’enquête. C’est le cas de l’ancien Premier ministre et ancien secrétaire général du Rcd, Dr Hamed Karoui, et Zouhaier M’dhaffar, ancien ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Fonction publique et du Développement administratif.
Dans tous les cas, tous les prévenus sont présumés innocents jusqu’à leur comparution et leur jugement par le tribunal.
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