Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, se rendra en visite en Tunisie, en milieu de la semaine prochaine, sur un fond de malentendu.  


Selon l’agence Afp, ce premier voyage du ministre français en Tunisie depuis sa prise de fonctions, le 1er mars, intervient alors que des voix s’élèvent pour mettre en garde contre la faiblesse de l’aide internationale à notre pays.

Le malentendu n’est pas encore dissipé
La visite intervient aussi au moment où la polémique sur l’implication de la France dans le soutien au régime dictatorial de Ben Ali et son manque d’enthousiasme pour la révolution tunisienne à ses débuts semble avoir laissé la place à des reproches pour le faible engagement de la France en faveur de la transition démocratique tunisienne.
Vu de Tunis, Paris donne même parfois l’impression de se préoccuper uniquement, dans ses relations avec notre pays, de compter le nombre d’immigrés tunisiens entrés illégalement dans son territoire et des moyens de les rapatrier.   
«La Tunisie n’est pas du tout abandonnée. Nous faisons beaucoup d’efforts pour l’aider. Je me rendrai en Tunisie la semaine prochaine», a déclaré Juppé à quelques journalistes en marge d’un colloque organisé par son ministère sur «Le printemps arabe» à l’Institut du monde arabe (Ima) à Paris.

Menaces sur la révolution tunisienne
«Si l’économie ne redémarre pas, la transition économique sera plus difficile. La chose que nous pourrions faire, la plus efficace pour nos pays du nord, est d’investir massivement pour aider les pays en transition démocratique à rétablir leur situation économique et à retrouver un rythme de croissance suffisant», a ajouté M. Juppé.
Selon Guy Sorman, économiste ayant participé au colloque, «la démocratie pour s’établir nécessite un taux de croissance de 8 à 10%. C’est possible», a-t-il assuré.
Lors du même colloque, la présidente de la Fédération internationale pour les droits de l’Homme (Fidh), la Tunisienne Souhayr Belhassen, s’en est pris de manière virulente à l’Union européenne et à la France qui «font preuve de frilosité», selon elle, dans leur accompagnement de la révolution en Tunisie.
«La perspective de touristes s’éloigne, des entreprises ferment», a-t-elle déploré, en appelant l’Europe à s’occuper davantage de la Tunisie et non pas par le seul prisme de l’immigration clandestine à combattre.
Il y a «des menaces sur la révolution tunisienne», en raison notamment d’un «risque de désenchantement réel» de la population devant l’absence de progrès, a-t-elle lancé à l’assistance au sein de laquelle figurait Alain Juppé.

I. B. (avec Afp)