Méfiance et vigilance, préconise la directrice de radio Kalima au cours d’un débat, vendredi, à Genève. Méfiance face aux anciens réflexes qui tentent certains et vigilance face aux vieux démons ne sont jamais très loin.
Haykel Ezzeddine, Genève


La militante tunisienne des droits de l’homme Sihem Ben Sedrine vient de passer quelques jours à Genève. Un week-end studieux. Invitée à un congrès à Montreux avec d’autres acteurs de la société civile pour  parler de la Tunisie, la fondatrice du Conseil national pour les libertés en Tunisie (Cnlt), qui est également journaliste, a tenu à rencontrer les Tunisiens de Genève.

Le goût particulier de la liberté
Ce n’est pas son premier voyage à destination de la cité de Calvin. Dans le cadre de ses activités de militante Sihem Ben Sedrine est passée à plusieurs reprises à Genève où elle compte de nombreux amis pour témoigner devant la commission des droits de l’homme de l’Onu des crimes de l’ancien régime. Mais ce voyage, le premier en Suisse depuis la chute de Ben Ali, a un goût particulier, celui de la liberté retrouvée. Une liberté empreinte d’inquiétude puisque beaucoup reste à faire pour reconstruire un pays sur des bases solides.


Photo Ali Zghal.

A l'invitation de nombreux Tunisiens vivant à Genève, un débat a été organisé vendredi soir au Bar Le Chic, propriété de Jalel Matri, dans le quartier des Pâquis.
Animée par Ridha Ben Boubaker, la rencontre suivie par une cinquantaine de personnes a été l’occasion de faire le point sur l’évolution de la situation en Tunisie. Sihem Ben Sedrine et la juge Wassila Kaabi ont répondu aux nombreuses questions et inquiétudes de l’assistance en cette période de transition.

Les anciens caciques de Ben Ali rodent encore
Le constat des deux intervenantes est sans appel. Méfiance et vigilance et il y a de quoi! Méfiance face aux anciens réflexes qui tentent certains et vigilance car les vieux démons ne sont jamais très loin. Preuve à l’appui: les arrestations arbitraires, la torture et les procès truqués n’ont pas totalement disparu et quelques anciens caciques du régime Ben Ali rodent encore et essaient de déstabiliser la révolution si chèrement acquise.
Un moment d’émotion a saisi l’assistance quand Wassila Kaabi a évoqué son calvaire sous l’ancien régime. Et pour terminer sur une note positive, tous les participants ont été unanimes à reconnaitre que l’assemblée constituante aura lieu à la proportionnelle avec une parité hommes-femmes exemplaire. Une parité que bien de vieilles démocraties envient à la nouvelle Tunisie.